graham a écrit:
Lorsque je vivais dans la grisaille et le béton parisien, je m'étais abonné au journal de chez moi. Pour le passage en l'an 2000, comme beaucoup de journaux, ils ont fait republié le numéro qui avait paru 100 ans plus tôt. En le lisant, à la rubrique des faits divers, il y avait un procès relaté pour des faits qualifiés de grivèlerie pour lequel comparaissaient trois femmes, ayant mauvaise réputation, accusée d'avoir fait boire un vieillard et de l'avoir dépouille de son portefeuille contenant quelques billets.
Or l'une des femmes portant le patronyme de mon arrière grand-mère, que j'avais bien connue, je m'étais plu à imaginer bien que ce patronyme ne soit pas particulièrement rare par chez nous, qu'il s'agissait d'un membre de ma famille. C'était quelques années avant que j'entreprenne les recherches de généalogie que j'envisageais depuis des années.
En fouillant des les registres d'état civil des archives départementales de mon département de naissance quelques années plus tard, j'en découvris un peu plus sur cette histoire. Je découvris en effet que cette femme avait été mariée avec l'oncle de mon arrière grand-mère, mon arrière-arrière-grand-oncle, qu'ils avaient divorcé peu de temps après les faits et qu'il s'était vu confier la garde de leurs deux fils.
Quand vous faites des recherches généalogiques, vous rencontrez beaucoup de personnes disparues qui ne sont que des dates et des noms, mais il y en quelques uns auxquels vous êtes un peu plus attachés que d'autres.
Il y a quelques mois, fouillant dans la presse locale de l'entre deux guerre à la médiathèque de la ville qui m'a vu naître, je repensais à cette histoire et eu envie de savoir ce qu'il était advenu de ces deux garçons.
Je découvris avec tristesse que le couple avait eu trois enfants, une fille décédée enfant, et que les deux garçons avaient été tués dans le Nord de la France lors des combats de 14-18, à quelques mois d'intervalle. Je ne sais pas ce qu'est devenu leur père.
En ce 11 novembre, j'ai une pensée pour ces personnes que je n'ai pas connues, dont je ne me souviens pas d'avoir entendu parlé, et envie de rendre hommage à leur courage et à leurs souffrances et d'exprimer ma gratitude envers tous les jeunes et moins jeunes de cette génération morts pour la France.
Une fois n'est pas coutume :
