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Je crois que cette frange de la population sait très bien s'organiser pour gueuler mais qu'elle reste minoritaire, la majorité des ricains sont plutôt passifs politiquement.
Les arguments qui portent le plus contre le projet Obama ne sont pas les plus "choquants" (Obama = Hitler), ce sont ceux qui sont construits autour de l'idée que l'instauration d'une protection sociale universelle gérée par l'Etat va augmenter les impôts et l'intervention de l'Etat dans l'économie. Et ça, pour une majorité d'américains, c'est foncièrement mauvais. S'il y avait une consultation populaire sur ce thème aux Etats-Unis, le rejet serait certainement symétriquement le même que si en France on organisait un référendum sur une privatisation de la Sécu (ou de La Poste, tiens).
Cette socialisation du système de santé est contraire à la philosophie libérale qui anime la majorité des américains, et qu'on ne peut comprendre avec une vision française. Ce libéralisme est proche de l'individualisme, qui engendre ce qu'on peut estimer comme être de la passivité politique, mais qui n'en est pas. Au contraire, intervenir dans le débat public, comme de nombreux américains le font actuellement avec les dérapages que ça implique nécessairement, c'est le contraire de la passivité je trouve. C'est au contraire qu'on a touché un fondement important de l'identité nationale, de l'identité du citoyen américain. Comme en France lorsqu'il y a eu le débat sur le traité constitutionnel européen. Tout le monde se sent concerné.
Dans la même veine, quand les banques US ont annoncé provisionner des bonus au titre de l'année 2009 pour leurs Traders, le scandale a été important aux Etats-Unis. [D'ailleurs, sur ce même thème la passivité, elle est pas là-bas.] Pas parce que c'est immoral de récompenser des incapables. Mais parce qu'on les récompense avec de l'argent public. Pour de nombreux américains, cela confirme que l'Etat ne devait pas intervenir dans le sauvetage des banques, et là encore, Obama est vu comme responsable. Obama est donc un socialiste qui va à l'encontre des fondements mêmes des Etats-Unis. C'est l'argument qui se développe.
Sinon, concernant la proportion de citoyens incapables de réfléchir, évidemment, chaque pays a peu ou prou la même. Mais en France on a quand même une forte capacité à stigmatiser celle des autres. Je me souviens comment unanimement la presse s'en prenait à Berlusconi lorsqu'il est arrivé au pouvoir, sous-entendant qu'un populiste de droite presque ridicule, appuyé et s'appuyant sur l'ensemble des mass médias de son pays, à l'allure bling-bling ne pourrait jamais émerger en France ... On est quand même pas si con que les Italiens ...
