Les interviews de O-F :
Dumas : « Cette fois, on a tout à gagner »
L'entraîneur malherbiste parle de tâche « difficile, mais pas insurmontable. » Compare ce Caen - Créteil à un match retour de Coupe d'Europe. Explique que le contexte est différent de celui d'Istres, l'an passé. Et Invite sa troupe à prendre ce match « à bras-le-corps. »
Franck, quels sont les bienfaits de cette mise au vert ?
Le but était de sortir du contexte caennais. S'entraîner à Venoix, c'est bien, mais il y a tout ce monde autour, toutes ces sollicitations. En fin de saison, les choses deviennent pesantes. Il faut évacuer, et par expérience les mises au vert sont propices à cela. Si on avait pu faire huit huis clos à Venoix, on l'aurait fait. Mais techniquement ce n'était pas possible.
Malherbe a pour habitude de frapper là où on ne l'attend pas, n'est-ce pas aussi votre avis ?
Oui, c'est vrai. Après notre défaite à Brest. on tient à rebasculer dans le positif. Remonter en L 1, c'est difficile mais pas insurmontable. On a surpris par notre mauvais début de saison, surpris plus récemment par notre retour en trombe avec ces sept succès consécutifs. Ça fait deux ans que je tiens le même discours : on est capables du meilleur comme du pire.
Pour montrer votre meilleur visage, quelle est la recette?
C'est ce que j'ai dit aux joueurs cette semaine : assimiler l'événement. Le vivre, ne surtout pas le subir.
Comme l'an passé à Istres, votre sort dépend de cette dernière journée…
Oui, sauf que le contexte est quand même différent. On déplorait pas mal de blessés l'an dernier, là on récupère Titi (NDLR: Deroin). Son retour va nous faire du bien au niveau de la qualité de la dernière passe, Et puis la donne est nouvelle, il faut oublier la désillusion de l'an dernier. On avait tout à perdre à Istres. Cette fois, au contraire, on a tout à gagner. C'est comme une course de chevaux, une ligne droite à aborder au sprint, avec les œillères.
Un peu comme un match retour de Coupe d'Europe, non ?
Oui, c'est ainsi que j'ai exposé la situation au groupe. On va dire qu'on a perdu 3-0 à l'aller et qu'il nous faut marquer quatre buts au moins pour nous qualifier.
Par conséquent, comment comptez-vous aborder ce match ?
Il faut le prendre à bras-le-corps, ne pas rester penauds, ni timorés. On a 90 minutes pour mettre de l'intensité. Bien sûr, il y a aura comme chaque fois des temps forts, d'autres plus faibles, mais c'est à nous d'imposer notre jeu, notre style, notre envie. Il est interdit de subir.
Avez-vous communiqué la liste des seize joueurs retenus ?
Non, je le ferai dans l'après-midi, au moment de la causerie.
Donnez-nous cinq bonnes raisons de remonter en L 1...
Premièrement, le groupe ne méritait pas de descendre l'an passé. Ensuite, retrouver l'élite serait une juste récompense des efforts produits par les joueurs cette saison. Enfin, pour le président et son entourage, pour les supporters, et puis pour une cinquième raison plus individuelle…
Recueilli par Raphaël FRESNAIS.
Brahim Thiam, mémoire d'Aigle
Le 27 mai 2005, sous le maillot d'Istres. Brahim Thiam avait condamné Caen à la descente. Ce soir, le défenseur des Aigles du Mali et de Malherbe espère contribuer à ramener son club en L 1.
Ancien Istréen, Brahim Thiam n'a pas oublié ce 28 mai 2005, date de la dernière journée de L 1. L'Aigle malien a de la mémoire : « Je connaissais quelques Caennais. En les voyant arriver sur la pelouse, avant le match, j'avais vite senti qu'ils n'étaient pas dans leur assiette. Qu'ils avaient joué le match la veille dans leur tête. Le début de rencontre avait confirmé cette impression. Les esprits n'étaient pas complètement libérés. Sans être exceptionnels, nous avions gagné. Chez nous, il y avait pas mal de gars en fin de contrat, qui avaient envie de se montrer. »
La pression, Thiam l’a évoquée cette semaine lors des classes de mer à Port-en-Bessin. A 32 ans, celui qui a fini comme attaquant à Brest a tenu le rôle de grand frère. D'un garçon ayant vécu une accession avec Malaga, en Espagne, en enlevant 4-2 un match décisif, alors que l'adversaire avait ouvert le score au bout de cinq minutes, La mise au vert a permis « de parler avec les joueurs moins expérimentés, de partager les sensations, les expériences. Ce n'est après tout qu'un match de foot et les jeunes qui sont ici ont l'avenir devant eux. C'est mieux de jouer une rencontre comme celle-là que de finir sans enjeu. »
Pour monter, le Malien en est convaincu, « il faudra s'imposer. » « Lorient va le faire, je pense, même si leurs stats actuelles ne plaident pas en leur faveur. Alors nous devons être aussi performants que face au Havre. C'est le match référence. Celui où nous avions été présents d'entrée. Le reste, c'est de la littérature. Créteil a des a priori positifs sur nous, nous devons leur montrer que ce qu'ils pensent est vrai. Marquer si possible dans le premier quart d'heure, sans confondre pour autant vitesse et précipitation. » Thiam parle de « respecter le foot » , les fondamentaux nécessaires pour marquer. « Il est possible de réussir un carton, mais un 3-0 peut suffire. A l'aller, quand nous accélérions, nous marquions. Mais à l'époque, nous n'étions pas dans l'état d'esprit L 2. » Aujourd'hui, Caen y est. Mais n'entend pas s'y poser de nouveau en juillet.
D. F.
Sergent : « Rien à voir avec Istres »
N°2 du directoire du SM Caen, Gilles Sergent espère ne pas revivre un épifogue semblable à celui d'Istres. Il estime le contexte différent.
Etes-vous confiant ?
Ecoutez, mes déplacements professionnels m'ont amené ces jours derniers à Valenciennes, qui monte, puis à Sedan, qui monte aussi. Vendredi, j'espère faire le Grand Chelem en étant à Caen ! Plus sérieusement, efforçons-nous de gagner d'abord ce match, avant de croire que nous l'emporterons 5-0.
Le spectre de la défaite décisive à Istres peut-il planer ce soir ?
Non. Les contextes n'ont rien à voir . L'an dernier, nous nous déplacions pour ne pas descendre. Aujourd'hui, nous sommes le challenger.
Que pensez-vous de la mise au vert effectuée depuis mercredi ?
Elle me paraît extrêmement positive. Franck a voulu créer une rupture.
Pensez-vous que Malherbe, comme Brest, aurait dû avoir recours à un préparateur mental ?
Non. Certes, le mental est extrêmement important. Mais je pense que dans le staff, avec en plus le préparateur physique que nous avons, nous disposons de tous les ingrédients. Franck Dumas a cet aspect en tête en permanence. Nous n'avons pas besoin de Yannick Noah.
On a évoqué, l'an passé, des cadeaux de votre concurrent nantais à vos adversaires istréens. Croyez-vous que Lorient ait agi de même avec Créteil ?
Je suis scandalisé par ces idées… On n'est pas naïf, non plus. Mais les primes ne font pas tout. Il faudrait en outre m'expliquer comment mettre en place pareil dispositif serait possible. Je pense sincèrement qu'un joueur pro entre toujours sur le terrain pour gagner. On a vu Ajaccio battre Paris 4-2, je ne crois pas qu'un autre club leur ait versé de l'argent pour les motiver. Ce serait terriblement choquant.
Caen ne récompensera pas Reims d'un bon score à Lorient ?
Non.
Recueilli par D. F.
Jimmy Hébert : « Aucun regret »
Absent du groupe contre Créteil, Jimmy Hébert met fin à son aventure de dix ans avec Caen. Retour avec lui sur cette décennie.
Jimmy, expliquez-nous vos dix ans de fidélité au SM Caen?
Je suis arrivé en 1996 en D1. Ensuite nous redescendons avec toujours l'ambition de remonter. Les dirigeants m’ont toujours fait confiance et je ne vois pas pourquoi je serais allé voir ailleurs. Aujourd’hui, être en L2 à Caen il n'y a pas mieux. Et sur ces dix ans je ne regrette rien. J'ai toujours fait mon métier avec passion. Dans ma vie privée, j’ai rencontré ma femme. Nous avons une petite fille. Avec le garçon qu'elle avait, la famille est complète.
Vous avez très peu joué cette saison, quel est votre sentiment ?
Je suis déçu mais je respecte le choix de J'entraîneur. Ca se finit mal, dans ma tête de gamin je voyais cela autrement. Mon contrat s'arrête en Juin. Aujourd'hui, j'ai surtout envie de vacances. D’un côté je pense arrêter, d'un autre une part de moi me dit de continuer. Cela dépendra du challenge, mais il faudra bien réfléchir et ne pas faire n'importe quoi.
Vous être un des chouchous du public, comment le ressentez-vous ?
C'est bien d'être reconnu. J'ai par exemple rencontré quelqu'un à la Casa (le café du stade d'Ornano qui appartient à Carole, sa femme), qui m'a remercié pour ce que j'avais fait. Cela me touche. Il faut d'ailleurs rendre hommage à ce public toujours présent, y compris dans les moments difficiles. Il y a aussi le MNK (Malherbe Normandy Kop) qui a toujours un mot sympa pour moi. Le MNK a dix ans comme moi à Caen, je leur souhaite de durer plus longtemps (rires).
Rappelez-nous votre expérience de gardien de but ?
C'était en coupe à Beauvais en 2000. Notre goal, Jean-Marie Aubry se blesse. J'ai fait beaucoup d'arrêts en l'air. Mais sur un ballon de m… au sol, je laisse passer la balle sous mon bras. On prend un but et on a perdu…
Votre meilleur souvenir ?
Le match à Rouen en 2004 pour la montée. J'étais suspendu mais c'était une grande joie. Plus fort que le Stade de France l'an passé.
Le pire ?
Istres l'an dernier (défaite et relégation). Ça nous a hantés quelques nuits. On n'aimerait pas revivre cela, si vous voyez ce que je veux dire…
Des joueurs qui vous ont marqué ?
Luc Borrelli particulièrement. Comme adversaires ? La paire Diarra-Essien l'an dernier à Lyon. Avec Steve Dugardein au milieu de terrain, on se regardait. On ne pouvait rien faire !
Un pronostic pour ce soir ?
Il y a un exploit à faire. Ce serait magnifique. Je suis le supporter n°1 de mes collègues que je remercie pour tout.
|