Inscription: 26 Juin 2010 20:32 Messages: 29429 Localisation: DTC
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Pourquoi les pelouses sont-elles chauffées ?
Vague de grand froid oblige, Caen a mis en place une bâche et un système de soufflerie en début de semaine pour protéger la pelouse du stade Michel-d'Ornano. Le but : assurer la tenue de son quart de finale de Coupe de France contre l'OL ce jeudi (21h00), mais pas que... Une douzaine de personnes se sont affairées en début de semaine au Stade Michel-d'Ornano. En cette période de froid sibérien, ces salariés de l'entreprise Sparfel, prestataire pelouse du SM Caen, ont installé une bâche de 7.140 m2 pour éviter qu'elle ne gèle. Le gazon étant protégé par sa simple présence jusqu'à -6°C, quatre souffleries ont également été mises en place pour le chauffer jusqu'à jeudi après-midi, quelques heures avant le coup d'envoi (prévu à 21h00) du quart de finale de Coupe de France contre l'OL. Ces souffleries sont particulièrement énergivores : elles sont alimentées par des groupes électrogènes qui consomment chacun 17 litres de carburant par heure pour conserver une température positive sous la bâche. Soit près de 5.000 litres de fioul consumés depuis lundi pour un coût de 4.000 euros. «Un système obsolète» «Ce système, qui permet juste de maintenir la pelouse à une température supérieure à 3 degrés pour qu'elle reste hors-gel, est obsolète avec les nouvelles pelouses», indique Nabil El Yaagoubi, le Stadium Manager de l'AS Nancy-Lorraine. Il y a plusieurs années, le club lorrain l'utilisait et consommait jusqu'à 2 000 litres de fioul par jour. «Désormais, les clubs qui ont investi dans une pelouse renforcée (ou hybride, ndlr) ne procèdent plus ainsi. Le gazon est chauffé au niveau de ses racines, à 12 cm de la surface. A Marcel-Picot, nous avons mis en place un chauffage électrique, qui fonctionne comme le chauffage au sol dans une maison.» Concrètement, des kilomètres de câbles sont installés sous la pelouse. Il existe un autre procédé, alimenté par le gaz de ville : de l'eau chaude, ou un fluide caloporté, circule dans des tuyaux installés sous la pelouse. C'est le cas à Metz. «Nous bâchons aussi la pelouse pour garantir une bonne tenue du terrain le jour de match, explique Jean-François Girard, le directeur organisation et sécurité du stade Saint-Symphorien. La bâche permet également d'augmenter l'efficacité du chauffage, car elle conserve les calories apportées par le chauffage en surface, et de protéger les brins de gazon en surface, fortement fragilisés par les températures négatives qui peuvent atteindre jusqu'à -15°C la nuit au sol.» «À Nancy, nous n'avons plus besoin de bâcher pour éviter que le gazon ne gèle, assure Nabil El Yaagoubi. Nous pouvons en installer une en cas de neige ou de fortes précipitations. La semaine dernière, avec ce temps froids et sec, nous avons posé un léger voilage pour favoriser la pousse du gazon comme dans une serre.» C'est le grand avantage du chauffage au sol : même l'hiver, l'herbe peut continuer de pousser. «Cela la protège, favorise la croissance de la plante (sauf lors de ces jours de grands froids), si le chauffage est allié à la luminothérapie», ajoute Jean-François Girard. «Grâce au chauffage, la pelouse résistera plus facilement au froid et sa germination sera plus efficace tout au long de l'année», résume la Ligue Professionnelle de Football (LFP). Gel = mort Le gel est le grand ennemi de la pelouse. Nabil El Yaagoubi : «Chauffer la pelouse, ça permet de la maintenir en vie. Si on ne fait rien, elle gèle et brûle. Et elle meurt. C'est pour son bien que nous la chauffons.» «Le chauffage ne dégrade pas les pelouses. Bien au contraire, indique la LFP. Dans les stades où le chauffage est utilisé, il se révèle bénéfique pour la qualité des pelouses.» Grâce à une gestion informatique, le chauffage se met en route automatiquement dans certains stades pour maintenir une température au sol. «En général autour de 8°C» précise la Ligue. Au Groupama Stadium, «elle est chauffée en permanence à plus de 12°C environ aux racines pour avoir une très bonne qualité de pelouse», annonce Xavier Pierrot, le Stadium Manager de l'OL. «Il ne faut pas attendre les grands froids pour mettre le chauffage en marche. Il faut impérativement chauffer le gazon de manière régulière et continue pendant l'ensemble de la période hivernale», révèle Girard, qui rappelle les risques avec un terrain gelé : «Les conditions de jeu sont difficiles pour les joueurs, avec des faux rebonds, des appuis délicats, etc... Au-delà de la qualité de jeu, c'est plus dangereux car les risques de blessures sont bien plus nombreux.» Pour éviter que les pelouses ne gèlent, les clubs doivent anticiper les vagues de froid ou les aléas de la météo. Chaque club à l'obligation d'avoir une station météo ou un abonnement. L'AS Nancy-Lorraine, par exemple, a un abonnement professionnel avec Météo France particulièrement poussé, avec les températures ressenties, le vent, les rafales, pour un suivi heure par heure. «Ça permet de préparer la pelouse de façon optimale.» Risque de sanctions Le Stade Malherbe de Caen n'a pas vraiment eu d'autre choix que d'installer sa bâche et ses souffleries. Les clubs participant à la Coupe de France ont l'obligation de mettre tous les moyens à disposition pour garantir la tenue de la rencontre. Sinon ? La Fédération Française de Football peut aller jusqu'à inverser l'ordre de la rencontre. Et délocaliser le match à Lyon. En Ligue 1 et Ligue 2, les clubs font face à la même obligation, inscrites dans l'article 575 du règlement des Championnats professionnels : «Les clubs engagés dans les compétitions organisées par la LFP ont l'obligation de respecter la programmation des rencontres fixées par le calendrier général et de garantir leur tenue dans de bonnes conditions au moyen, notamment, d'un système de protection des terrains.Le non-respect de cette obligation entraîne automatiquement le remboursement, par le club visité, des frais de déplacement de l'équipe adverse dans les conditions prévues à l'article 537 al. 2 du présent règlement, des officiels (arbitres et délégués) sauf circonstances exceptionnelles constatées par la Commission des compétitions. Le club fautif pourra également se voir sanctionner par la Commission des compétitions d'une amende d'un montant compris entre 20 000 et 50 000 euros pour un club de Ligue 1 Conforama et entre 10 000 et 30 000 euros pour un club de Domino's Ligue 2.» Fait rare, le Gazélec Ajaccio a été sanctionné cette saison d'une amende de 10.000 euros pour le report de la rencontre contre Nîmes, prévue le 15 décembre. Ce n'était pas à cause du gel, mais des pluies diluviennes. «On s'était fait surprendre et on n'avait pas eu le temps de bâcher», explique-t-on au club. L'AC Ajaccio, qui recevait l'AJ Auxerre ce même soir à cinq kilomètres de distance, avait été plus attentif à la météo. Il avait pu jouer, et gagner (3-1), contre les Bourguignons...
_________________ Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.
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