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Le RN a permis à la « GUD connection » de toucher plus de 3 millions d’euros au Parlement européen Marine Turchi
Jordan Bardella l’a promis, s’il accède à Matignon, il dissoudra « toutes les organisations d’ultragauche et d’ultradroite », dont le Groupe union défense (GUD). Cela n’empêche pas le Rassemblement national (RN) de continuer à faire travailler les anciens piliers de ce groupuscule d’extrême droite violent, aux idées inchangées mais reconvertis en chefs d’entreprise.
Selon nos informations, le groupe du RN au Parlement européen, Identité et démocratie (ID), et ses eurodéputé·es, ont versé, entre 2019 et 2023, plus de 3 millions d’euros de fonds publics européens à deux sociétés de la « GUD connection » (3 068 620 euros, dont 796 289 euros de sommes facturées directement par les élu·es).
L’agence de communication e-Politic – dont étaient co-actionnaires, jusque courant 2023, les anciens du GUD Frédéric Chatillon et Axel Loustau –, et la société d’impression Unanime – dont le bénéficiaire est Chatillon –, assurent, pour le groupe et la délégation RN, la gestion des réseaux sociaux, vidéos et newsletters ainsi que l’impression de livrets thématiques et de la revue mensuelle Vu d’Europe.
E-Politic a en particulier bénéficié, durant cette mandature européenne, du montant le plus important parmi les prestataires du groupe ID : plus de 1,65 million d’euros (dont 383 686 euros refacturés par les eurodéputé·es).
Ces prestations n’ont rien d’illégal, mais elles montrent combien la « GUD connection » est encore liée financièrement au Rassemblement national, et fait prospérer son business loin de la prise de distance officielle de ses dirigeant·es.
La prise de distance de Marine Le Pen
« À un moment donné, stop », avait déclaré Marine Le Pen en mai 2023, après le soutien apporté publiquement par Frédéric Chatillon à la grande manifestation néofasciste annuelle, et la révélation par Mediapart de la présence de ses acolytes Axel Loustau et Olivier Duguet, anciens du GUD eux aussi.
« Les gens qui sont des prestataires ou l’ont été, et qui s’exposent dans des manifestations qui portent des idées radicalement différentes de celles du Rassemblement national, doivent s’attendre à en tirer les conséquences, du moins à ce que le RN en tire », avait expliqué la cheffe de file des député·es RN au Monde, ajoutant qu’elle tirerait aussi « les conséquences à titre personnel » s’agissant de son vieil ami Chatillon, qui annonçait son souhait de se rendre à l’édition 2024 de la manifestation néofasciste.
Une semaine plus tard, questionné sur France Info, Jordan Bardella avait mis à distance le tandem Chatillon-Loustau, soulignant qu’ils n’étaient aujourd’hui ni « membres », ni « cadres ou élus du Rassemblement national », et annonçant qu’il avait « pris la décision de réinternaliser un certain nombre de missions qui sont confiées à la société e-Politic ». « C’est en cours, mais ça ne se fait pas en 24 heures », expliquait-il.
Les deux radicaux ont fait la connaissance de Marine Le Pen lorsqu’elle était étudiante à la faculté de droit d’Assas et eux militants au GUD, qu’a dirigé Chatillon dans les années 1990. Ils ont, avec d’autres anciens gudards, accompagné son ascension à la tête du Front national. Frédéric Chatillon est devenu le coordinateur « web et print » de ses campagnes, et sa société Riwal, le prestataire principal des campagnes du parti en matière de communication et de propagande électorale. Axel Loustau fut le trésorier de son microparti (2012-2022), le responsable de la cellule financière de sa campagne en 2017, et conseiller régional RN (2015-2021).
Tous deux n’ont jamais renié leurs engagements de jeunesse, manifestant, encore aujourd’hui, leur soutien aux « Rats noirs » du GUD, dont le fils Loustau a repris le flambeau. Au fil des années, les soupçons d’antisémitisme se sont accumulés : ils ont été accusés d’avoir participé à des soirées teintées de folklore nazi, ont multiplié les allusions en ce sens sur Facebook, et n’ont jamais caché leurs liens avec les antisémites Alain Soral et Dieudonné (lire notre boîte noire et nos enquêtes ici, là et là).
Après leur mise en cause dans l’affaire du financement de campagnes du parti en 2014 (Chatillon a depuis été condamné pour « escroquerie » et Loustau relaxé), ils se sont faits plus discrets. Cette année-là, ils ont créé, avec leur ami Paul-Alexandre Martin, l’agence e-Politic, qui a pris le relais de Riwal, devenant à son tour le prestataire communication numéro un du parti. Lors de l’élection présidentielle, en 2017, la société a engrangé 890 000 ; puis 770 730 euros lors de celle de 2022 ; et des centaines de milliers d’euros aux élections européennes et régionales.
Politiquement, le tandem a continué de soutenir publiquement Jordan Bardella, qui a lui-même fait appel à e-Politic pour ses campagnes, et qui fut, en 2017-2018 le compagnon de la fille de Chatillon. Des anciens du GUD devenus encombrants
Mais après l’émoi suscité par la manifestation néofasciste parisienne, puis le retour au premier plan de la question de l’antisémitisme, particulièrement après le massacre du 7 octobre en Israël, les gudards sont devenus plus qu’encombrants. Frédéric Chatillon « n’est plus actionnaire » d’e-Politic, a rétorqué Jordan Bardella à France Info, qui le questionnait le 25 octobre 2023. Un document d’e-Politic daté du même jour a formalisé la sortie de l’ancien chef du GUD de l’actionnariat, après celle d’Axel Loustau en juin.
Mais l’agence reste dirigée par leur jeune camarade Paul-Alexandre Martin, et domiciliée au 27 rue des Vignes, dans le XVIe arrondissement de Paris, au QG des sociétés de la « GUD connection » et de Riwal.
Quant à Unanime – qui était dirigée officiellement par Sighild Blanc, l’épouse de Frédéric Chatillon, mais dont celui-ci était, selon la justice, le « gérant de fait » – elle a été reprise en main, en 2023, par le groupe Edda, une société italienne détenue à 79 % par l’ancien gudard. Une manière de contrôler plus discrètement la société.
Le contrat d’Unanime avec le groupe Identité et démocratie, qui prenait fin le 9 juin 2024, sera-t-il renouvelé sous la mandature qui débute ? « Je n’en sais rien, cela dépendra des équilibres, de l’état du groupe à l’issue des élections européennes, de la manière dont on organisera les prestations », avait répondu Jordan Bardella à France 2, en janvier 2024.
Sollicités par Mediapart, ni le président de la délégation RN au Parlement européen, Jean-Paul Garraud, ni celui du RN n’ont répondu. Questionné en novembre 2022 par Mediapart sur les prestations des sociétés des gudards, Jordan Bardella avait botté en touche :
En octobre 2023 encore, le président du RN avait minimisé le CV chargé de Frédéric Chatillon : « Il a été au GUD il y a trente ans, comme beaucoup de ministres d’ailleurs. »
Contactés, Axel Loustau et Frédéric Chatillon n’ont pas répondu à nos questions. Celui-ci nous a adressé pour toute réponse une photo de larve accompagnée de ce commentaire: « Bonne journée dans ton compost vilaine petite larve. »
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