Gilles Sergent : « C’est une superbe responsabilité »Ligue 1. Paris Saint-Germain - SM Caen, J-4. En poste depuis fin mai, le nouveau président du Stade Malherbe se confie sur les objectifs et l’été mouvementé du club avant le début des choses sérieuses.
C’est dans les locaux flambant neufs de son entreprise Récréa que Gilles Sergent nous a accueilli hier durant 1 h 30. Dans la bibliothèque du hall d’accueil, accessible à tous les salariés, il y avait une touche de Stade Malherbe et un ouvrage intitulé « Le bonheur au boulot ».
Être président du SM Caen, est-ce le bonheur ?
C’est évidemment une superbe responsabilité, un superbe challenge. Le timing était très compliqué. Il faut le redire parce que ce n’est pas forcément ce qu’on lit partout : le timing, on l’a subi. Maintenant qu’on est au pied du Mont-Blanc, il faut l’escalader. L’un des éléments qui me rend heureux, c’est l’implication des cinq membres du directoire. On s’est remonté les manches. Ça fait 18 ans que je suis au SM Caen, je ne découvre pas le club. J’ai pas mal de points de repère.
La montagne à gravir est haute ?
Ça va peut-être faire sourire, mais j’ai hâte d’être au prochain mercato. Cette fois-ci, on l’aura bien préparé, longtemps à l’avance. Là, il a fallu beaucoup d’énergie et d’investissement, de la part de tout le monde, notamment de Fabien (Mercadal) et d’Alain (Cavéglia). De toute façon, il fallait faire avec ce manque de temps. Cela a créé de la vibration positive. Je suis convaincu que l’énergie qui se dégage est exceptionnelle. D’un côté, c’est enivrant.
Tout changer ou presque, c’était votre volonté.
L’important, c’était de faire des vrais choix à court et moyen termes. On a voulu écrire une nouvelle histoire, partir pour une nouvelle aventure. Avec une visibilité et des gens qui s’inscrivent dans la durée. Ce qui est important, c’est que les cadres sont aujourd’hui en place. Le « carré magique » du Stade Malherbe est constitué de Fabien (Mercadal) et tout son staff, Alain Cavéglia (directeur sportif), Arnaud Tanguy (directeur général) et Stéphane Nado (directeur du centre de formation). Pour moi, il est l’avenir du Stade Malherbe et son bon fonctionnement est primordial. Si on avait posé la question aux supporters, moins de 1 % des gens auraient opté pour Fabien (Mercadal). Pour nous, c’était important d’être légitime dans notre choix en marquant une vraie évolution. Fabien (Mercadal), c’est un numéro 1 dans l’âme. Son nom est moins ronflant que d’autres mais à mes yeux, c’est un entraîneur expérimenté.
Le rôle de président est aussi fait de frustrations. En avez-vous connu jusque-là ?
Quand on prend la présidence du Stade Malherbe, il faut être un peu blindé. Il y a des choses qui m’horripilent, comme certaines allégations. Ce qui fait mal, c’est de lire des choses infondées, de voir que l’histoire de ce qui s’est passé depuis le mois de février est parfois totalement refaite, sans même m’avoir appelé. Ça ne fait pas plaisir.
Quel est l’objectif assigné à Fabien Mercadal ?
Le rôle du président, c’est à la fois le court et le moyen terme. Le but, c’est de s’installer durablement en Ligue 1. Pour cela, il ne faut pas frôler la catastrophe chaque année. Être fixé sur son maintien fin mars ou début avril, ça permet d’envisager beaucoup plus facilement l’avenir. Se sauver tôt, faire une demi-finale ou une finale de coupe et de donner du plaisir aux gens sur le plan du jeu, ce serait le triptyque idéal.
Ce qui est nouveau inspire souvent un mélange de curiosité et de crainte…
Écrire un nouveau livre, c’est une prise de risque. Mais un entrepreneur, c’est ça : prendre des risques, les mieux balisés possible. Aujourd’hui, quand je lis et j’entends une forme d’incertitude vis-à-vis du SM Caen, ça me paraît extrêmement logique. Le Stade Malherbe, c’est une jolie institution. Ça rassemble, ça clive. On l’a vu sur le recrutement. Que les supporters aient des craintes, c’est normal. À tous les niveaux, il y a des changements importants. Mais au-delà de la présidence, c’était important. Pas pour faire une révolution, mais ça fait deux années qu’on se sauve sur le dernier match. Ne serait-ce que pour cela, c’était important qu’il y ait des évolutions sur le plan sportif et technique.
Sur le plan de la post-formation, vous souhaitez marquer certaines différences ?
L’un des points cruciaux, c’est le lien entre l’équipe pro et le centre de formation. Que Jessy Deminguet n’ait pas signé son premier contrat pro avant, c’est une aberration. On s’est mis dans le rouge et dans de grosses difficultés. Le Stade Malherbe est un club formateur. Parmi les choses qui m’ont étonné quand je suis devenu président, il y a cette coupure entre le centre de formation et l’équipe pro, dans les relations et les bonnes pratiques à avoir pour mener les jeunes vers le monde pro. Je ne m’attendais pas à ça. Il est essentiel que l’entraîneur numéro 1 et son staff bossent en permanence avec le directeur du centre de formation et les éducateurs. Il faut mettre de la transversalité sur ce plan-là, y compris dans le recrutement. On doit former des futurs pros, d’abord pour en profiter chez nous.
Comment se porte le club sur le plan financier ?
Le Stade Malherbe est un club réputé pour sa stabilité financière. Mais le transfert de Thomas Lemar nous rapporte beaucoup moins d’argent que ce qui a été dit. Ce n’est pas 10 ou 12 millions d’€, mais autour de 7 millions. Dans le budget à l’équilibre de la saison passée, fait par Jean-François (Fortin), il était indiqué 8 millions d’€. La mauvaise surprise, c’est que sur les 7, seuls 2 millions d’€ vont rentrer dans les caisses cette saison. Ce n’est pas une bonne nouvelle mais on fait avec.
Cela n’a pas modifié l’enveloppe attribuée au mercato d’été.
Ça n’a pas changé notre ligne directrice, parce qu’on est conscients de l’enjeu, qui est de rester en Ligue 1, d’avoir une équipe compétitive malgré les renouvellements profonds. Si l’arrivée du défenseur central se fait en prêt, on sera autour de 10 millions d’€ dépensés, en plus du transfert définitif d’Enzo Crivelli (3,5 millions d’€). Le transfert d’Ivan à Anderlecht, c’était entre deux et trois millions d’€.
Quelle est l’attractivité de Caen sur le marché des transferts ?
Il faut à la fois être ambitieux et ne pas oublier qui on est. On ne peut pas aller chercher des joueurs à 10 millions d’€, ou même à 5 ou 6. Il faut prendre cela en compte, créer du liant et du collectif. Sur le plan des valeurs, de l’état d’esprit, on doit être meilleurs que les autres clubs pour s’en sortir.
Quatre réponses sur le mercato
Matt Miazga, patatras. « Je l’ai mauvaise qu’il ne soit pas venu à Caen. De l’extérieur, on peut avoir l’impression qu’on a fait le travail pour Nantes. Le joueur (Matt Miazga, défenseur central de Chelsea, 23 ans) avait un profil très intéressant et il était notre priorité n°1. Alain (Cavéglia) avait très bien préparé ce dossier. Ça faisait longtemps qu’il était dessus et notre concurrent a empoché la mise. »
Quelles pistes ? « Peut-être que dans quinze jours, on sera très content. Aujourd’hui, je ne peux rien annoncer sur le prochain défenseur central. Nicolas Pallois ? C’est une hypothèse. Mais il n’y a pas de contact avec Nantes. Thomas Heurtaux ? Je ne crois pas que ce sera lui. Djilobodji ? C’est inaccessible sur le plan financier. Aujourd’hui, on est sur quatre pistes que l’on creuse à fond. »
Avec Rodelin ? « Ronny (Rodelin), c’est un joueur important. Fabien (Mercadal) lui a dit, je lui ai dit. Il doit être parmi nous cette saison. J’ai rencontré son agent il y a un mois pour lui tenir ce propos. On est en discussions pour une éventuelle prolongation. Fabien (Mercadal) et son staff apportent de nouvelles choses. La meilleure façon pour lui de passer un cap, c’est de rester. »
Repas, prêt envisagé. « L’idéal, c’est d’avoir un effectif composé de 22 ou 23 joueurs de champ et trois gardiens. Je suis modérément confiant sur ce plan (qui concerne Reulet, Alhadhur, Kouakou, Louis et Repas). La situation de Jan (Repas) n’est pas complètement statuée. On souhaite qu’il reste au club, mais ça ne paraît pas aberrant qu’il soit prêté pour s’aguerrir un peu. »
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