Claudio Beauvue, pour rugir de plaisirLigue 1. SM Caen - Lyon, demain (17 h). L’attaquant de 30 ans va découvrir d’Ornano et retrouver Lyon, deux ans et demi après un court passage dans le Rhône où tout n’a pas été simple pour lui.
Après une courte (et fructueuse) apparition à Dijon, les vraies retrouvailles entre Claudio Beauvue et la Ligue 1 ne manqueront pas de sel, samedi après-midi. À 30 ans, le Guadeloupéen va réapparaître devant les caméras de Canal +, découvrir ceux qui veulent le voir briller toute la saison et revoir ceux qui auraient aimé que l’histoire soit différente.
Claudio Beauvue retrouve l’Olympique Lyonnais, le dernier maillot qu’il avait porté en France, un soir de quart de finale de la Coupe de la Ligue perdu au Parc des Princes (2-1), le 13 janvier 2016. Entre les deux, c’est l’histoire d’un attaquant qui joue et marque, mais ne colle pas au style de jeu de la maison et se fait vite prendre en grippe par les tribunes pour la qualité de ses prestations. « Sa période lyonnaise n’a pas été simple , dit Michel Audrain, entraîneur-adjoint de l’OL à l’époque, désormais au même poste au SM Caen. Les anciens Gones (le noyau de joueurs formés à Lyon) ne lui ont pas facilité son arrivée. À Lyon, c’est un peu en vase clos par moments… À la base, il y avait un groupe de joueurs favorable à sa venue en raison de sa saison avec Guingamp. Son court passage s’est révélé difficile. Pas forcément sur le plan sportif. Mais pour lui, c’était un peu irrespirable. Il attendait une meilleure ambiance au sein du groupe. »
Début janvier, ses célébrations face à Limoges et Troyes, à destination du kop lyonnais, actent la fracture avec les supporters. Malgré 8 buts et 3 passes décisives en cinq mois, une participation aux six matches de Ligue des champions, c’est déjà la fin de l’aventure et l’exil vers l’Espagne. De Guingamp (2013-2015) à Lyon, de la commune de 7 000 habitants où tout le monde l’aimait à l’institution OL, la transition a été brutale.
Michel Audrain : « Il peut encore faire très mal »
Michel Audrain l’a regretté, lui qui avait connu le garçon à Troyes (2007-2008) dès sa première année chez les pros. « Pour moi, cela a été un peu difficile. Il avait une pression, avec une concurrence de joueurs internationaux devant. Il avait besoin de s’intégrer et cela n’a pas été facile. Mais ce n’est pas quelqu’un de revanchard. C’est un garçon équilibré, généreux dans la vie comme il est sur le terrain. Il a d’ailleurs très bien rebondi. »
Ses standards de buteur ont considérablement baissé en Espagne, au Celta Vigo puis à Leganés. Sa lourde blessure (rupture du tendon d’Achille), en avril 2016, a constitué une autre épreuve. Mais Claudio Beauvue sort d’une saison où il a retrouvé des jambes. Il dit ne garder aucune rancoeur de son épisode lyonnais, mais n’avait pas une envie folle de parler sur le sujet cette semaine.
Son nouvel entraîneur l’attend sur le terrain, pour donner du souffle et des idées neuves à l’attaque caennaise. « Il a une capacité technico-tactique à faire douter son adversaire direct , détaille Fabien Mercadal. Son expérience du haut niveau fait qu’il se déplace très bien, dans les bons tempos. Cela va nous apporter une vraie plus-value. »
En France, on se rappelle surtout du Beauvue de Guingamp. Celui qui était « au-dessus de tout le monde » , dixit Baïssama Sankoh, son partenaire dans les Côtes-d’Armor. L’attaquant avait gagné une Coupe de France, brillé en Ligue Europa (5 buts) et inscrit 27 buts en 52 matches sur sa deuxième saison. Michel Audrain : « Il n’a pas besoin de refaire ses preuves. Il faut simplement qu’il arrive à s’imposer à Caen. Il arrive avec un certain statut. Sa saison à Guingamp, le fait d’avoir joué à Lyon puis en Liga espagnole, ça fait changer les regards. Aujourd’hui, il est dans un registre où il peut encore faire très mal. Il n’y a aucune raison qu’il ne réussisse pas ici. Pour nous, c’est du bonheur d’avoir un mec comme ça. »