Jean-François Fortin, fortement secoué par la tempêteMis en minorité au sein du conseil d'administration du SM Caen lundi soir, le président du club normand vit des heures compliquées. Il a refusé de démissionner, malgré une pression de plus en plus forte d'actionnaires "dissidents" qui ont retoqué son projet de reprise du capital du club, et reste en poste pour l'instant. Sans que l'on sache s'il prépare une ultime contre-attaque, ni si son avenir à court-moyen terme s'écrira encore avec le Stade Malherbe.
Lundi soir, après 4 h de réunion tendue au conseil d’administration, Jean-François Fortin est sorti l’air fatigué. Presque désabusé.
Son projet de reprise des 2/3 des actions représentant 80 % du capital du club, mené avec le puissant chef d’entreprise trouvillais Pierre-Antoine Capton, venait d’être largement retoqué. Il aurait été question de rachat des actions de « l’opposition », mais pas d’augmentation de capital.
Face aux micros, Fortin s’est posé de longues minutes. « Je reste convaincu que l’organisation qui demeure (modèle d’actionnariat à parts égales détenu par 13 actionnaires principaux) ne permettra pas - et j’espère vraiment avoir tort - d’augmenter le budget du club, a-t-il argumenté. Il faut que le Stade Malherbe, compte tenu de ses ambitions, des attentes, ait des moyens comparables à ceux de Montpellier par exemple (environ 43 millions d’euros de budget, Caen navigue autour de 32 millions). »
Marge de manœuvre limitée
Et Fortin d’enchaîner, sèchement : « Si les autres personnes autour de la table sont convaincues que ce système peut coller, s’ils ont raison, on le verra la saison prochaine… »
Le président reste donc président, et c’est paradoxal compte tenu de ce qu’on vient d’expliquer. Il sortait aussi d’un week-end d’âpres négociations, où les actionnaires dissidents avaient tenté de le faire démissionner. En vain.
Impossible de l’éjecter, de toute façon, les statuts du club ne permettant pas d’acter ce genre de procédure dans le cadre d’un conseil d’administration. Ses membres ont soutenu qu’il n’en avait pas été question…
Dans ce jeu politique où il fallait sauver les apparences face au monde extérieur, le président apparaît désormais isolé. Xavier Gravelaine, son directeur général avec qui il est très lié, aussi.
2 contre 3 au directoire
Le duo, accompagné du directeur sportif Alain Cavéglia, est chargé de préparer la prochaine saison dans un climat de défiance et d’interrogation sur son avenir à moyen terme. Presque sous tutelle ? Au directoire, où Fortin reçoit le soutien de Jean-Paul Saison, mais pas vraiment celui de Jacky Rihouet et François Maurey, un 5e membre a été nommé lundi soir par le conseil.
On imagine que Jean-Marie Piranda, ex PDG du groupe industriel Frial, n’a pas été ajouté pour sucrer les fraises. De facto, il fait pencher la balance de l’organe décisionnel vers le camp opposé à celui de Fortin.Comment ce dernier, dont on connaît l’amour profond, quasi filial, pour le SM Caen, peut-il avoir envie de continuer ainsi ?
Sur cette question, il reparle encore de modèle économique : « Si j’ai la certitude en tant que président que demeurer en L1 deviendra problématique chaque année avec ce système-là, je prendrai la décision qui s’impose. Mais pour le moment, je n’ai pas décidé de partir. »
Ce mercredi au stade d'Ornano, Caen espère fêter son maintien, ou presque, face à Toulouse en match en retard de la 33e journée. Aurait-il la même saveur que les précédents pour l’homme de la reconstruction malherbiste, 71 ans, en service rouge et bleu depuis 2002 ?