Suite au vol de son matériel, le Malherbe Normandy Kop a annoncé se mettre « en sommeil » jusqu’à nouvel ordre. La bâche représente un élément quasi sacré du groupe de supporters.
« Nous n’organiserons plus l’animation de notre si chère tribune Borrelli, ni les déplacements dans les autres stades de Ligue 1. Cette décision prend effet immédiatement et durera le temps nécessaire. » C’est une décision inédite qu’a pris le Malherbe Normandy Kop (MNK 96) dans un communiqué. Celle de « mettre en sommeil » son groupe pour la première fois depuis sa fondation, en 1996. Il était né de la réunion des trois groupes : les Gunners, Allez Malherbe et la Brigade Viking.
Si leur décision a fait réagir sur les réseaux sociaux, elle suit pourtant les codes Ultras. « La bâche, c’est l’objet symbolique majeur du groupe » , insiste Ludovic Lestrelin, enseignant-chercheur à l’université de Caen en sciences sociales et sport. Sur la bâche figure le nom, et parfois les insignes du groupe Ultra. « C’est d’abord une façon d’incarner le groupe, elle a une fonction de représentation permettant de visualiser l’existence du groupe et de délimiter son territoire dans un stade » .
Derrière sa dimension fonctionnelle, elle a aussi un aspect « presque sacré », incarnant « l’objet d’honneur du groupe ». Souvent conçue dès l’origine du groupe, la bâche traverse les années et accompagne les supporters dans leur déplacement (bâche extérieure). « Elle a donc une dimension mémorielle et elle porte l’histoire du groupe. »
Le MNK en veille pour la Coupe de France
Pour les Ultras, s’en prendre au bâchage d’un club rival, c‘est le meilleur moyen de s’attaquer à lui. Le pire affront : dérober la bâche et la brandir à l’envers. La conséquence d’un vol ou d’une dégradation, c’est la mise en veille du groupe de supporters, voire sa dissolution.
Par exemple, en 2013, des supporters lyonnais déguisés en Stéphanois ont dérobé leur bâche. Les Magic Fans (groupe de supporters stéphanois) ont annoncé qu’ils cessaient leur activité. Cela a duré 13 mois.
Dans un communiqué, le principal groupe de supporters du SM Caen affirme vouloir « mettre en sommeil le MNK, présent sans interruption depuis 1996 au stade d’Ornano ».
« Pour le MNK 96, c’est une réaction à la mesure de l’événement, vécu comme un vrai coup dur, explique Ludovic Lestrelin. Là où c’est surprenant, c’est que ça arrive pile au moment du quart de finale de Coupe de France, ça n’arrive pas tous les ans. » C’est en effet le premier du club normand depuis vingt ans. « C’est d’autant plus dur pour le MNK 96 je pense » .
Autre point surprenant, les circonstances du vol. « Il n’y a plus tant de vols de bâche que ça aujourd’hui. C’était beaucoup plus courant dans les années 1980 ou 1990, entre groupes qui avaient des rivalités fortes, avec des cycles de représailles. »

Dans le cas du MNK 96, la situation est différente. « C’est un groupe qui n’a pas de rivalités exacerbées avec d’autres clubs, hormis le Stade Rennais et le Havre (HAC) dans une moindre mesure. Mais le MNK 96 n’a pas une histoire mouvementée. » La bagarre et les vols de bâche ne font pas partie du quotidien de Malherbe.
Se murant dans le silence, le Kop ne souhaite pour le moment pas réagir. Il a malgré tout invité les supporters à continuer : « Dans cette épreuve difficile, continuons d’aller supporter le Stade Malherbe. Ainsi, nous pourrons nous reconstruire. »