Huisgonde a écrit:
Merci l'Ul pour l'explication. Le côté "plus on lutte contre quelque chose, plus on parle de lui" allié au "qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe, tant qu'on parle de moi", c'est vrai que c'est vicieux.
Fin de semaine dernière, Macron poste sur son compte Insta perso des visuels autour des gestes-barrière. Les visuels sont instantanément détournés, grâce notamment à un générateur de visuels en ligne. Les pastiches générés sont créatifs, bien sentis, voire géniaux, et donc massivement relayés, selon le principe du "mème". Journalistes, spécialistes, fanatiques et autres mouches-à-merde commentent eux aussi en masse. Les relais s'enchaînent rapidement sur fond de moquerie godiche ou de soutien benêt. Les camps s'opposent machinalement.
Objectivement, ce qui choque chez Macron c'est son mélange des genres. Mais c'est son identité justement. La démarche entreprise par Macron entretient sciemment la confusion entre la communication politique (donc ici personnelle) et la communication publique (à vocation institutionnelle). Son but ici, c'est de créer une situation insolite : l'usage douteux des codes visuels crée un mini-phénomène sur les réseaux. Je passe les détails techniques mais ici les codes graphiques institutionnels réservés à l'Elysées sont utilisés, exacerbés et détournés au profit de la comm perso du Président. En gros, on passe du style de comm élyséen (institutionnel, régalien, grave, …) au style Instagram (chic, vibes, people, …). Le mélange est parfaitement assumé par la comm de l'Elysées. Quel est alors l'intérêt de s'en offusquer ?
Plus insidieux encore, s'ensuit un balai d'anti-Macron, proclamés spécialistes du décodage politique, qui tombent dans le panneau d'un décryptage nécessaire* : "Nous les débunkers, on vous dit pourquoi c'est pas bien de faire ça quand on est Président". Au final, les critiques, immanquablement à charge, prétendant pouvoir déjouer la communication de Macron à coup d'arguments sentencieux (et plus ou moins avisés) agissent en maillon mécanique de la chaine de communication impulsée par l'Elysées.
Ce mème présidentiel est un exemple parfait de stimulus anti-Macron. A travers une image bizarrement léchée et donc assurément douteuse, on ne cherche rien d'autre qu'une réaction primaire de l'opposant. Qu'on obtient instantanément au profit de la visibilité (buzz).
*on tombe dans le piège dès lors qu'on essaye de décoder les moyens mis en œuvre pour l'élaborer, certes.