Moi aussi, du coup je pense qu'il mérite un anti-angussage rétrospectif.
Molko a écrit:
Le RIC m'apparait comme une option au niveau local, mais pas du tout au niveau macro.
Et on n'en dira ce qu'on veut, mais il y a un certain nombre de sujets qui sont bien plus complexes que ce qu'on peut ressortir d'une campagne électorale où tout est réduit aux slogans, aux faux débats et à la mauvaise foi
Deux exemples:
Lors des débats préalables à la loi NOTRe, on a constaté, ici-même, que se cristallisaient les opinions autour des noms des "nouveaux" territoires (ohlala grands enjeux s'il en fût), sans aucune matrise de l'onomastique spécifique - la toponymie - ce qui a abouti à des trucs ridicules comme "Hauts de France", sachant que "Haut" et "bas" n'ont jamais fait référence à une position sur une carte; les plus acharnés y mettaient un vernis identitaire complètement décalé, autant que fantasmé, avec les véritables histoires des sociétés sur lesdits territoires, seuls vecteurs des identités collectives dont l'appréhension est bien plus complexe que ce qu'imaginent les bas du front, et si ma phrase est trop longue, Je vous emmerde, c'est Moi qui écris.
A côté s'est déroulé sans aucun intérêt de la part de l'opinion publique le véritable enjeu (le vrai débat ayant été escamoté et tenait en une phrase : "est-ce qu'on est bien certain qu'on a travaillé sur le bon niveau ?", celui de la définition des compétences: qui fera quoi ?
C'est comme si le gouvernement planchait sur la création d'un impôt et que le gens se battaient sur le nom de cet impôt mais ne s'intéressait ni à son assiette, ni à son taux.
L'autre exemple, c'est la crise de représentativité qui couvait depuis des années et dont nul ne peut plus ignorer l'existence: le citoyen juge ses élus trop lointains, trop déconnectés, trop peu représentatifs. Dans le même mouvement, le même citoyen trouve que les élus sont trop nombreux et qu'il faudrait d'urgence réduire leur nombre. Bon, quand on tente de réduire en fusionnant des communes, ça ne passe pas parce que pas touche à mon village, va voir celui d'à côté. Alors le citoyen a trouvé une idée formidable: il faut réduire le nombre de députés. Une fois, on m'a même expliqué que réduire de moitié le nombre de député permettrait de réduire d'un quart le poids de la dette, ce qui devait sans doute être lu sur Facebook. mais bon, Moi aussi, chaque jour je mets un centime dans la tire-lire et avec ce magot à la fin de l'année, Je vais pouvoir m'acheter une petite maison.
Bref, nous avons 1) les élus sont trop lointains 2 ) les députés sont trop nombreux.
Du coup, cette fois ça y est, il y aune majorité qui s'est engagée à réduire le nombre de députés ainsi que le mode de scrutin soit dit en passant (réforme reportée suite aux benaleries de cet été).
Donc, prochainement, un jour, on va diminuer franchement le nombre de député. Donc pour un territoire qui reste le même, on va avoir moins de députés. Passer d'environ 1 député pour 120 000 personnes à environ 1 député pour 217 000 personnes.
En gros, réduire le nombre de députés, ça revient à accroitre la déconnexion entre le député et ceux qui les élisent, alors que la problématique, c'est justement ce fossé.
Donc, réduire le nombre de député, c'est très populaire, ça cartonnerait en RIC. Par contre, je doute franchement de l'intérêt pour les gens.
Le véritable enjeu, c'est leur mode de scrutin et l'équilibre entre stabilité et représentativité, le rôle du Parlement vis à vis du gouvernement ainsi que ses moyens. Consternant par exemple, que l'affaire Fillon n'ait pas entrainé une curiosité du public sur les équipes des parlementaires, à commencer par le statut et les salaires de ces gens-là qui relèvent d'un vrai scandale social. Mais comme ils sont en costards, en s'en tape et on les laisse dans leur merde.
Comment faire pour que le Parlement joue son rôle de contrôle du gouvernement ? Comment faire pour "reconnecter" les députés aux citoyens ? L'enjeu, c'est ça, et accepter de sortir du "Tous pourris" pour regarder ce qui se passe réellement. Mais ça voudrait dire accepter de changer son regard, apporter de la nuance et ça passe mal en referendum.