la nouvelle est passée à peu près inaperçue, et pour cause...
la disparition de christophe de ponfilly n'a rien à voir avec le foot, juste avec la vie.
il a consacré une grande partie de sa vie de journaliste, d'écrivain, de grand reporter, de cinéaste, à l'afghanistan. comme son ami le commandant massoud il a vécu d'engagement et d'aventure. son enthousiasme aurait mérité plus de considération et d'écoute. il n'est jamais trop tard, ses écrits et ses documentaires resteront comme des instruments contre l'ignorance occidentale.
"Mais Massoud n'aimait pas la guerre et rêvait de paix. Il avait voulu être architecte, construire, s'instruire, voyager, lire. Il aimait la poésie et savait écouter ceux qui venaient vers lui. Il était amoureux de la vie, de sa femme, de ses enfants et de son pays libre, indépendant. Aujourd'hui, comme tous ceux qui l'ont connu et savent ce qu'il était véritablement, je suis d'une tristesse inguérissable. Je regarde, médusé, des personnes parler de Massoud alors qu'elles l'ont à peine connu, se raconter à travers sa légende qu'ils commencent à transformer. Je regarde l'humanité tourbillonner dans tous les sens sans avoir la sagesse de prendre son temps, ce que savent faire les Afghans. J'écoute quantité d'analystes surgis dont ne sait où, que je n'ai jamais rencontré sur les sentiers qui traversaient les montagnes d'Afghanistan. Ah, le monde ne changera jamais: ce sont toujours les courtisans qui se mettent au premier rang, ceux qui en savent le moins et ont la plus haute opinion d'eux-mêmes qui jouent des coudes pour se mettre en valeur en se servant des causes des autres. Je regarde effaré les machines médiatiques faire des amalgames malheureux transformant parfois la réalité en atroces mensonges... c'est ainsi. Massoud, lui, avait de la pudeur et de la discrétion. Ses paroles étaient en harmonie avec ses actes. D'une réflexion sur les erreurs du passé il avait fait une force nouvelle qui l'habitait et lui donnait sa densité. De lui j'ai aussi appris qu'il ne fallait jamais renoncer, que jamais la bataille n'était perdue tant qu'il y avait courage, conviction et bel idéal. J'ai confiance dans la force des Afghans. Massoud a semé dans les coeurs de certains des graines utiles pour faire les arbres et les fleurs des jardins de demain."
Christophe de Ponfilly
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