Landry a écrit:
J'essaye de placer ma vision des choses, par analogie, en 1919 et non en 1936. Tout Diktat provoque de la merde et c'est ça qu'il faut dénoncer. Le traitement occidental de la Russie dans les années 90 a provoqué tout ce qui survient. C'était une violence, de la bêtise, de la connerie.
En 36, il est trop tard et la bête a été nourrie. Peut-être qu'effectivement il est trop tard pour reculer ici. Mais alors c'est l'aube d'un très grand malheur. Ça passe pas, j'y peux rien.
Du coup, on n'est plus dans le bon sujet, où je ne suis pas non plus intervenu, mais il est sain et évident qu'il faille revenir aux conditions de l'humiliation subie par la Russie de la part de
l'Imperium américain dans les années 1990. L'analogie avec 1919 est très pertinente. Marc Ferro avait écrit un petit bouquin sur L
'Histoire du ressentiment assez éclairant là-dessus. L'idéologie dominante qui a émergé fut ensuite celle de la "fin de l'Histoire" de Francis Fukuyama, puis celle du "choc des civilisations" de Samuel Huntington, tout cela lorsque l'Union Européenne était tout juste portée sur les fonts baptismaux.
En guise d'incise, je dois d'ailleurs évoquer une autre analogie qui me vient à l'esprit et qui vaut ce quelle vaut entre l'UE et l'URSS. D'accord, pas taper, tout ça, tout ça. Mais on se retrouve dans un système actuel où les décisions sont prises dans une sorte de "Politburo" à Bruxelles, que personne n'a jamais élu et qui semble allégrement s'asseoir sur les aspirations des peuples (jusqu'à châtier terriblement les Grecs), d'où les multiples forces centripètes qui en résultent, dont la non moins spectaculaire fut le Brexit. Puisqu'on nous dit qu'il n'existe aucune possibilité en-dehors des traités ("Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens" avait dit Juncker), on va se retrouver avec le plus puissant contingent d'eurodéputés d'extrême-droite à Bruxelles/Strasbourg en juin prochain, expression d'une défiance béante de la part de ceux...qui votent encore !
Bref, je lis également dans tes analyses Landry, celles d'Emmanuel Todd, qu'il développe dans son dernier bouquin, sur le déclin de l'Occident. C'est vrai que certaines courbes sont terribles pour les USA (où il y a désormais plus de 100 000 décès annuels par overdose, et où la mortalité infantile est maintenant supérieure à celle de la...Biélorussie).
Pour l'Ukraine, le nœud gordien, c'est d'abord 2014, pas 2022. On ne peut comprendre l'invasion sans ce préalable. Alors, bien sûr, comme le disait Hastings, toute violation de frontière est inacceptable, puisque cela ouvre la boîte de Pandore. Mais ce que je trouve également inquiétant, c'est qu'on nous dise que la Russie doit perdre la guerre en Ukraine, sans qu'on nous dise clairement ce qu'on entend par là (jusqu'à la reconquête de la Crimée ?) Il faut absolument négocier. Personne ne sait ce qu'entraînerait le premier conflit généralisé en Europe à l'heure de l'atome. On entend en effet beaucoup une autre analogie avec les Accords de Munich de 1938, sauf qu'à cette époque, par définition, la menace d'une vitrification nucléaire n'existait pas.
Pardon à nos Anciens !