Akage a écrit:
On a eu l'année dernière des grosses souris, à plusieurs reprises dans l des plaques autocollantes, une planche de carton recouverte de glu, et il les place dans tous les endroits stratégiques.
C'est le truc le plus trash que j'ai jamais vu. Ca marche bien hein, on les a toutes pécho, jour après jour, mais v'là le tableau. Tu viens check, en coulant ton café, et tu vois la souris, vautrée sur le flanc, figée, incrustée dans la colle. Son œil libre se tourne vers toi, son rythme cardiaque s'accélère subitement, elle crie. Elle n'a plus que ça à faire, crier, ses quatre pattes sont prises dans le ciment, dans des positions de contorsionniste, qui en disent long sur la putain de nuit qu'elle a passée, le cul dans sa merde.
Ça m'a foutu en colère, j'y touche pas que j'ai dit à ma meuf, y a rien à faire, c'est un truc de salaud, je veux pas être complice. Pendant que tu philosophes, t'entends le rongeur qui continue à gueuler, pris de spasmes.
Le bon sens aurait voulu que je sorte la victime dans le jardin, et que je lui écrase le crâne avec une pierre, ou que je lui engourdisse la tronche à l'éther avant de l'enterrer. Mais impossible, c'est monstrueux comme vision. Je suis faible.
A chaque fois, le proprio passait, et quand je reparaissais dans la salle de torture, il y avait plus de souris, mais une plaque de glu, vierge et neuve; toute la famille devait y passer. Qu'est-ce qu'il en faisait du martyre ? J'en sais rien. Mais quand on est assez viceloque pour poser ce genre de pièges, j'imagine qu'on se contente de balancer le tout, la souris vivante et bien consciente, dans la poubelle des déchets verts.
Les chats laissent un cadavre, mais au moins ils butent la souris, qui a droit a une mort digne, elle a le droit à la peur, à son voyage au bout de la nuit pendant que le matou joue au ping pong avec son corps, avant d'engloutir sa tête dans sa gueule.
Je me sens sale.
Tu viens de me rappeler mon plus grand (seul) souvenir de chasse à la taupe. Quelques heures passées pour ouvrir des galeries, et disposition des pièges. Serviable, le gendre. Bon gamin.
Un bouquin, peinard dans la salon, et soudain, des cris aigus. Ceux de ma belle-mère qui, à travers ses lunettes de myope, venait de voir un congénère en train de pousser sa motte.
Vas-y, prends la pelle ! Vite ! Elle est là ! Elle va sortir la tête !
Pas résolu, geste précis et déterminé pour attraper le manche, sourire de vainqueur modeste. Je brandis l'outil au-dessus du tas qui bouge et qui s'élève en faisant rouler la terre.
Ça y est, je vois un truc ! Un museau ? Une patte ? Un cul ?
Voilà. C'est tout. Je suis resté là comme un connard, sans pouvoir abattre la pelle.
Je me suis barré, j'ai reposé la pelle, et j'ai repris mon bouquin en pensant à mes ancêtres qui se réjouissaient autour de la bassine tandis qu'elle se remplissait de sang, sous un bon gros cochon qu'on égorgeait.
Ah ben, ça me rappelle le Berry ça les gars.
Une souris bousillée à coups de marteau et une taupe lynchée sur la dalle en ciment.