Ventre-Saint-Gris a écrit:
Abidbol a écrit:
La guerre est déclarée.
Cette nuit, j'ai entendu des bruits dans mon appartement. Je ne voulais pas y croire, espérant que ce ne soit que quelque mauvais rêve.
Mais ce matin, j'ai du faire face à la réalité.
- Les dégats sont considérables


Je suis donc rendu tout à l'heure à ma quincaillerie pour me procurer la véritable tapette Lucifer.
Ça va gicler grave chez les souris.
Malheureux ! c'est tout un art, la pose de tapette ! Sans déc', faut mettre des gants pour que la bestiole ne sente pas tes vilains effluves viriles. Et puis le réglage de l'horloge, Monsieur ! Ça doit claquer le beignet au moindre effleurement de moustache ! Sensibilité optimale !
On a eu l'année dernière des grosses souris, à plusieurs reprises dans les parties communes. Des bon gros trucs, rien à voir avec les souris que mes chats chopaient à Bernières. Je dis ça à mon proprio, il revient avec des plaques autocollantes, une planche de carton recouverte de glu, et il les place dans tous les endroits stratégiques.
C'est le truc le plus trash que j'ai jamais vu. Ca marche bien hein, on les a toutes pécho, jour après jour, mais v'là le tableau. Tu viens check, en coulant ton café, et tu vois la souris, vautrée sur le flanc, figée, incrustée dans la colle. Son œil libre se tourne vers toi, son rythme cardiaque s'accélère subitement, elle crie. Elle n'a plus que ça à faire, crier, ses quatre pattes sont prises dans le ciment, dans des positions de contorsionniste, qui en disent long sur la putain de nuit qu'elle a passée, le cul dans sa merde.
Ça m'a foutu en colère, j'y touche pas que j'ai dit à ma meuf, y a rien à faire, c'est un truc de salaud, je veux pas être complice. Pendant que tu philosophes, t'entends le rongeur qui continue à gueuler, pris de spasmes.
Le bon sens aurait voulu que je sorte la victime dans le jardin, et que je lui écrase le crâne avec une pierre, ou que je lui engourdisse la tronche à l'éther avant de l'enterrer. Mais impossible, c'est monstrueux comme vision. Je suis faible.
A chaque fois, le proprio passait, et quand je reparaissais dans la salle de torture, il y avait plus de souris, mais une plaque de glu, vierge et neuve; toute la famille devait y passer. Qu'est-ce qu'il en faisait du martyre ? J'en sais rien. Mais quand on est assez viceloque pour poser ce genre de pièges, j'imagine qu'on se contente de balancer le tout, la souris vivante et bien consciente, dans la poubelle des déchets verts.
Les chats laissent un cadavre, mais au moins ils butent la souris, qui a droit a une mort digne, elle a le droit à la peur, à son voyage au bout de la nuit pendant que le matou joue au ping pong avec son corps, avant d'engloutir sa tête dans sa gueule.
Je me sens sale.