graham a écrit:
Ghost of Benoit Caen a écrit:
l'anticommunisme de base de Graham...
Je suis bien sûr anti communiste et antifasciste, comme toute personne sensée, mais la dégénérescence du syndicalisme en France n'a rien à voir avec le communisme. D'ailleurs, si c'est ce à quoi tu fais allusion, la ligne politique du PCF, s'il en possède une, n'a plus rien à voir avec le communisme non plus. Même le NPA a effacé toute allusion au communisme de son nom.
Quand on prend le temps de bien analyser toute la prose politique de graham, on comprend mieux son cheminement, qui n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire au regard de l'histoire des idées. La critique tout à la fois du marxisme orthodoxe et d'une société bourgeoise chez des hommes de gauche a généralement conduit ces derniers vers un glissement inéluctable à droite. Il est vrai que Marx n'avait pas senti poindre l'émergence d'une classe moyenne aspirant à intégrer pleinement les rouages de la société libérale. Dans cette optique, il est également difficile de considérer le prolétariat comme une force révolutionnaire. En d'autres termes, la lutte des classes meut-elle nécessairement l'Histoire ? Or, pour les critiques de cette pensée matérialiste, le socialisme ne semble pas être une idée capable de transformer le monde. D'ailleurs, le déclenchement de la guerre de 14 il y a cent ans a confirmé ce point de vue : si la nation a été une idée pour laquelle des millions d'hommes se sont sacrifiés, le socialisme n'apparut pas, à l'inverse, comme une vérité pour laquelle il fut digne d'être tué. Les prolétaires allemands ont tiré sur les prolétaires français et ont contribué à l'enrichissement des fabricants d'armes d'une classe capitaliste transnationale.
Car, et c'est là où ça devient intéressant, graham ne cesse à la fois de se positionner sur le plan éthique et d'appuyer ses convictions sur les valeurs cardinales à ses yeux d'identité du sol et de nation. C'est, à dire vrai, ce qui m'a le plus frappé. Et, puisque d'aucuns voient un parallèle évident entre notre époque et celle des années 30, je vois dans les discours de graham une certaine résonance à ce que furent les analyses d'Henri de Man ou de Marcel Déat. Or, l'antimatérialisme et l'avènement de la nation comme facteur essentiel de changement du monde, à la place de la classe sociale, furent bien les voies royales du glissement de la gauche et de l'extrême-gauche vers la droite et l'extrême-droite.