Moriarty a écrit:
C'est affligeant.
Longtemps, j'ai soutenu la thèse défendue par René Rémond et Jean-Pierre Azéma sur les "différents Vichy", le premier étant censé ne pas être fasciste, là où il serait clairement fascisant en 1944 avec les entrées au gouvernement de Déat, Henriot, Darnand et le rôle de la Milice.
J'ai écouté avec attention ce week-end le débat entre Pierre Milza et Zeev Sternhel, et je dois dire que l'auteur de "Ni droite, ni gauche, l'idéologie fasciste en France" avance des arguments très pertinents. Il est clair que le déroulement de la guerre à partir de 1942-1943 est un biais évident à prendre en compte sur les évolutions idéologiques. Or, finalement, dès 1940, tout est déjà là avec le projet de "Révolution Nationale" : un appareil d'Etat qui se sert de toutes les courroies de transmission pour affermir cette idéologie, le culte du chef, la volonté de "régénération" et surtout, le statut des Juifs...promulgué dès le 3 octobre 1940 (plus de 20 jours avant Montoire !) Le projet totalitaire est déjà là !
Je rappelle également la découverte faite il y a 3-4 ans d'un document écrit de la main-même du Maréchal Pétain, annotant ledit statut. Alors, qu'en 1942, Pierre Laval tente une tractation écœurante de marchand de tapis pour ne pas livrer certains juifs plutôt que d'autres, c'est aussi oublier que c'est le même Laval qui livre les enfants juifs, alors même que les nazis n'en voulaient pas.
Non, Vichy n'est pas excusable.