SM Caen. Nicolas Seube, le miroir du Stade MalherbeMalherbe a l’occasion de laisser Guingamp à trois points en cas de succès demain. Nicolas Seube a vécu trois montées en Ligue 1 ici et sait qu’il y a des tournants à savoir bien négocier.
Il n’est pas né en Normandie mais c’est tout comme. Arrivé à Caen en 2001 à l’issue de sa formation à Toulouse, Nicolas Seube n’a plus bougé et tant évolué. Douze ans de fidélité à Malherbe où il n’aura pas seulement passé son temps à prendre l’ascenseur, avec trois montées en Ligue 1 et autant de descentes à l’étage inférieur. L’arrière à crinière des débuts s’est mué en milieu de terrain infatigable et garde une place à part dans le coeur du public. Parce que l’ancien capitaine incarne ce que doit être un joueur de club. Toujours généreux.
« Je suis sensible aux valeurs, cette longévité représente forcément une satisfaction, reconnaît Nicolas Seube. J’ai la chance de pouvoir durer, après c’est une confiance mutuelle, j’aurais pu partir, j’aurais pu être remercié. Quand je suis arrivé, je n’étais pas persuadé que j’allais faire ça. Un club m’a fait confiance, des gens croient en moi, j’ai progressé, on ne m’a pas fait jouer pour le plaisir. Le seul bémol c’est que je n’aurais rien connu d’autre, mais je n’ai aucun regret. »
Le Ryan Giggs des bords de l’Orne aura encore deux années de contrat à l’issue de la saison, à « seulement » 34 ans. Donc loin des 39 bougies du légendaire joueur de Manchester United qui a célébré cette semaine son 1 000e match en pros. Le Nico devrait atteindre la barre tout de même mythique des 400 au mois de mai.
Jamais trois sans quatre ?
« En France, on a un problème avec l’âge, remarque l’emblématique n°2 des Bleu et Rouge. On est étiqueté passé la trentaine. Courir, c’est une question de tempérament avant d’être une question d’âge. Quand je vois Ryan Giggs, un joueur pétri de talent, il a commencé en 1991… Au lieu de faire 45 matches, il en fait 25, maintenant. Je suis très peu blessé. Tant que le corps reste tranquille et que la tête suit, il n’y a pas de raison que je m’arrête. Mais petit à petit, j’aurai moins de temps de jeu. »
Cela ne sera pas encore demain où le marathonien du milieu de terrain aura encore du cuir à gratter, des trous à boucher, des décalages à compenser. L’ordinaire d’un travailleur qui insiste sur le mental alors que la dernière ligne droite se profile à l’horizon. « On est dans la course, apprécie Seube. Si on nous avait dit en début de saison qu’on serait là, à deux mois et demi de la fin, on aurait signé tout de suite. Il faut continuer à bosser, ne pas baisser les bras. On entre dans une semaine capitale et primordiale. On va voir de quoi on est capable. »
Mater Istres et surprendre Guingamp serait la feuille de route idéale pour matérialiser l’ascendant. « L’équipe qui lâchera mentalement, et qui chutera deux week-ends d’affilée, pour elle ce sera terminé. Déjà, il n’en reste plus que quatre. Il y en avait six ou sept avant la trêve. » Attention Angers s’accroche aussi, aux basques d’En Avant. Mais le plus sûr moyen de rester serein c’est d’arriver à être constant, de conserver cette efficacité retrouvée à domicile avec sept victoires lors des huit derniers matches.
À Caen, Nicolas Seube a connu trois montées (2004, 2007 et 2010). Avec la campagne actuelle, il y a des nuances et des similitudes. « La première fois, ça ressemblait à ce que l’on vit aujourd’hui, se souvient-t-il. Un groupe jeune avec des anciens, dont Franck Dumas et Jimmy Hébert, ils n’étaient pas nombreux. Les deux autres fois, on avait des groupes expérimentés avec des joueurs qui comptaient une multitude de matches en Ligue 1, en Ligue 2, avec un objectif annoncé clairement. On était beaucoup mieux armés. Aujourd’hui, on a moins d’expérience et de qualité individuelle. »
La base est cependant solide, avec cette défense, la meilleure du championnat. Et puis ce rythme retrouvé où les nuls laborieux à l’extérieur succèdent à des victoires aussi laborieuses à domicile. On va bientôt jouer contre des équipes supérieures, on va voir si on peut se libérer, interroge le sage du vestiaire. Une montée c’est aussi dur qu’un maintien. Il faut toujours rester positif. » Expert à la mémoire vive, Nicolas Seube porte ce rôle de guide comme une seconde peau. Question de nature et d’habitude pour le plus caennais des Toulousains.
Vincent COTÉ.