Fabien Mercadal, première tempêteApparu assez désemparé après le flop monégasque samedi soir à d'Ornano, l'entraîneur du SM Caen découvre les affres d’une équipe de Ligue 1 en plein doute. Ses choix ne payent pas, et si Malherbe n'est toujours pas relégable, la dynamique des Normands inquiète de plus en plus. Mercadal trouvera-t-il très vite des solutions, alors que le matériel offensif dont il dispose apparaît jusqu'ici trop limité ?
De rage, il a fracassé des bouteilles d’eau en plastique. S’est pris la tête entre les mains. A hurlé, fait les cent pas dans sa zone technique. Est resté parfois figé. A fini expulsé par l’arbitre pour un excès d’humeur après le but refusé pour hors-jeu à Tchokounté, ce qui lui vaudra probablement un ou deux matches loin du banc de touche. « C’était logique, sur une contestation… Je regrette. »
Comme ses joueurs sur le terrain, et comme le public dans les tribunes, Fabien Mercadal a passé une soirée d’intense souffrance samedi. L’une de celles qui mettent un coup sur la carafe. « Le sentiment d’impuissance, c’est horrible, on n’est pas acteur quand c’est comme ça, on est totalement à la merci des têtes et des pieds des joueurs. »
Son discours d’après-match a tranché avec le positivisme qu’il s’était efforcé de diffuser jusqu’ici. Les mots étaient forts. Ils sortaient du cœur d’un homme touché, « renvoyé dans les cordes ». Ils étaient à la fois francs, sains, lucides et inquiétants à entendre. « On sent bien qu’il y a beaucoup de doute autour de notre équipe. »
Une vraie mise à l’épreuve :
Un doute galopant à l’intérieur, surtout. L’impression que cette équipe pourrait jouer des heures sans marquer. Ce sentiment de rébellion absent, si ce n’est sur quelques fins de matches, trop tard. Comme si le coach ne parvenait pas à secouer le cocotier, à casser une forme de « lassitude » qui s’installe.
Il va pourtant devoir le faire. « Il n’y a pas de tricheurs dans le groupe, mais on manque énormément de justesse technique, il y a trop d’hésitations. C’est notre travail d’assumer tout ça, et j’assume volontiers cet échec du jour, des derniers jours. »
Fabien Mercadal fait connaissance avec la rudesse du métier d’entraîneur dans un petit club de Ligue 1. Rien à voir avec le Paris FC ni même Tours en L2, où dans un contexte beaucoup plus nauséabond et une autre opération maintien, il n’avait pas tenu la saison. La situation actuelle le met à l’épreuve. Il apprend encore.
Mercadal se doutait bien qu’en signant à Caen, dans un club sur une mauvaise dynamique, à peine sorti d’une révolution de palais et très en retard dans ses opérations de recrutement, il vivrait des moments difficiles. Aussi vite, aussi forts ? « C’est dur, il y a une pression négative. On ne réussit pas à se lâcher. Heureusement que le groupe est sain, c’est quelque chose qui va nous permettre de tenir. Il était prêt aussi à vivre ce genre de chose. Peut-être pas aussi difficile… »
Il cherche mais ne trouve pas :
L’entraîneur essaye, mais « pour l’instant, force est de constater que je n’ai pas trouvé », reconnaît-il. Quel que soit le système (un 4-4-2 désarticulé samedi), le choix des joueurs, de leurs positionnements (Beauvue en pointe, Deminguet encore inopérant dans un rôle de milieu droit qui ne lui sied guère), le coaching (entrée fantomatique de Khaoui, à peine meilleure de Bammou), Caen tourne en rond. « On m’a donné des solutions depuis trois semaines, je croise 50 personnes par jour qui m’en donnent, sauf qu’en changeant c’est pareil… C’est bien qu’il y a un problème un peu plus profond. S’il suffisait de mettre un joueur du côté vers l’axe pour que ça change tout, je l’aurais fait avant. »
Y a-t-il assez de caractère dans cette équipe, pour mieux apprivoiser le doute ? Un vécu collectif commun, non en tout cas, puisque tout a été refait du sol au plafond cet été. De l’expérience ? Peut-être pas assez non plus. Assez de talent ? On en doute encore plus.
Un matériel trop limité :
Mercadal a sa part de responsabilités, mais il est loin d’être le seul à devoir en assumer. Ce n’est pas un faiseur de miracles. Il insiste sur le manque de confiance des joueurs, mais s’il ne trouve pas, c’est aussi parce que le matériel offensif dont il dispose apparaît trop limité.
Cela renvoie au recrutement estival, à des dirigeants devant parer au plus pressé, aux choix effectués, des paris ou des joueurs en perte de vitesse espérés revanchards.
On espère que les cinq derniers matches d’ici Noël nous feront mentir. Mais jusqu’ici, et quelles qu’en soient les raisons, Caen n’a pas résolu les problèmes offensifs qui l’avaient déjà plombé la saison dernière.
La direction a promis de faire un premier bilan à la trêve hivernale. Le mercato d’hiver ne réglera pas tout, loin de là. Mais si ça ne change pas d’ici Noël, elle devra assumer et agir en conséquence, alors que le porte-monnaie est quasi vide. Il reste cinq matches pour rebondir. Rendez-vous samedi à Angers.