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Chapeau noir, écharpe rouge, son allure caractéristique rappelait celle d’un autre. Fidèle de François Mitterrand, ancien ministre et visage de la gauche bas-normande pendant plus de vingt ans, Louis Mexandeau s’est éteint, lundi, à 92 ans. Le terme d’une vie de militant socialiste, resté proche du PS y compris après les sombres années Hollande, rappelant, en 2018 lors du congrès d’Aubervilliers : « Nous sommes le parti des congés payés, des conventions collectives, de l’Office du blé, mais aussi de l’abolition de la peine de mort et du mariage pour tous. J’ai l’outrecuidance de ressentir une fierté inexprimable. »
Dès le congrès d’Épinay en 1971, Louis Mexandeau est une figure de ce Parti socialiste renouvelé. Mais c’est d’abord au Parti communiste que, dans les années 1950, ce professeur d’histoire, qui a quitté les terres agricoles de ses parents dans le Pas-de-Calais pour Caen, commence à militer. Il s’en éloigne à partir de 1956, avant de rompre définitivement avec le PCF en 1961. Quatre ans plus tard a lieu sa rencontre décisive avec François Mitterrand. Aux côtés de Pierre Joxe et Charles Hernu notamment, il fait partie du cercle proche du futur président, permettant à ce dernier de devenir premier secrétaire du PS. Puis président de la République, à l’issue d’une campagne qui a vu Louis Mexandeau jouer un rôle important, aux côtés du candidat Mitterrand et dans l’élaboration du programme, notamment en rédigeant le projet du PS pour l’école, quelques années après avoir participé au programme commun.
Grèves dans les centres de tri
En 1981, il est ainsi nommé ministre des PTT, tentant d’accompagner jusqu’en 1986 la transformation des télécommunications, comme en inaugurant le réseau Télétel utilisé par le Minitel. Sous son ministère, le plan Daucet, un plan de restructuration des effectifs qui en annonce bien d’autres à la Poste, déclenche des grèves de centres de tri jusque dans sa ville de Caen. L’homme politique qui a grandi dans une famille de résistants reviendra dans le gouvernement entre 1991 et 1993, comme secrétaire d’État aux anciens combattants et victimes de guerre.
En parallèle de ce compagnonnage mitterrandien, Louis Mexandeau a surtout été la figure de la gauche bas-normande des années 1970 à 2000. Élu député du Calvados en 1973, il gardera son siège jusqu’en 2002. Il échoue néanmoins pendant trente ans à ravir la mairie de Caen à la droite. Ces cinq défaites entre 1977 et 2001 lui vaudront quelques moqueries et une marionnette dans les Guignols de l’info. Celui qui était qualifié de jovial, bon rieur, fut, par ailleurs, l’un des fondateurs du Club de la chanson paillarde. Des « bons mots » qui n’ont pas toujours été des plus heureux… Comme lorsqu’en 1986, François Mitterrand l’a consulté pour savoir quelle personnalité de droite le président nommerait à Matignon, il a comparé Jacques Chirac au pire : « C’est Hindenburg qui a appelé Hitler. Hitler, à l’époque, était tout à fait présentable », aurait-il répondu selon le Monde.
L’actuel député de la circonscription jadis occupée par Mexandeau, Arthur Delaporte, a préféré se souvenir du « militant d’un engagement sans faille, humaniste doué d’une immense culture ». Également élue du département, la première ministre Élisabeth Borne a, elle, évoqué une « figure de la politique normande et nationale ».
Toujours alerte sur le déroulement de la vie politique malgré son retrait en 2008, Louis Mexandeau s’inquiétait ces dernières années de la montée de l’extrême droite. Avant de mourir, il y a quelques jours, Louis Mexandeau a pu, auprès de ses enfants, réfléchir à ses derniers mots, comme l’a confié sa fille à France 3 : « Il nous a demandé de noter une phrase du journaliste tchécoslovaque, membre du Parti communiste Julius Fucik, tué par les nazis en 1943 : »Hommes, mes frères, je vous aimais. Soyez vigilants !« ».
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