Malherbe tousse, la Basse-Normandie s'enrhume
Seul club de football de la région d'audience nationale, le Stade Malherbe de Caen se retrouve rétrogradé en Ligue 2. Un coup dur pour l'image de la Basse-Normandie ?
1913-2013, le Stade Malherbe de Caen fêtera son centenaire en... Ligue 2. L'ascenseur entre l'élite du foot français et le deuxième étage est une habitude pour le porte-étendard du sport bas-normand. La descente de dimanche soir ne surprend pas beaucoup de supporters.En tout cas, pas les élus des collectivités, partenaires historiques et financiers du club. Laurent Beauvais, président PS de la Région, est « triste ». En bon connaisseur du foot, il analyse froidement la descente: « L'équipe est en situation de faiblesse depuis de nombreux matches. L'issue finale n'est pas une surprise. » Même fatalisme dans le commentaire de Marie-Jeanne Gobert (PCF), vice-présidente de la Région et adjointe aux sports à la mairie de Caen: « Nous y étions préparés. » Du côté du conseil général du Calvados, personne n'a souhaité réagir hier.
Après cette cinquième relégation, comment les politiques imaginent-ils l'avenir? Laurent Beauvais ne suit pas les appels à démission entendus dans les tribunes du stade d'Ornano: « Je soutiens le président du Stade Malherbe, Jean-François Fortin. Un homme qui aime le foot, qui aime son club et qui s'y consacre à plein-temps. » Il confirme l'engagement du conseil régional: « Des questions devront peut-être se régler en interne. Mais la Région a un partenariat ancien avec le club. Ce n'est pas dans ces moments difficiles que nous allons changer. »
Marie-Jeanne Gobert affiche la même prudence: « Le club a la possibilité de rebondir. Nous le soutenons pour les valeurs qu'il défend. Mais aussi parce que le foot, sport populaire par excellence, apporte à une ville la notoriété et le regard du monde économique. » L'adjointe aux sports envoie malgré tout un message aux dirigeants: « Je fais confiance à l'équipe en place pour mener une évaluation exigeante sur le plan sportif, la formation, la relation avec les supporters et sa communication. »
Mauvais résultats et image détériorée
Si du côté des élus, on est plutôt dans le « On ne change pas une équipe qui perd », quelle va être la réaction des vrais patrons du foot caennais ? Depuis la saison 2000-2001, le Stade Malherbe de Caen est une Société anonyme sportive professionnelle (SASP). Une structure détenue majoritairement par douze actionnaires. Parmi eux, les principales entreprises régionales : le groupe Batteur, spécialiste de la parapharmacie ; Hamelin, numéro 1 européen de la papeterie ; le Crédit Agricole ; GDE (Guy Dauphin Environnement) ainsi que des hommes d'affaires comme Jacques Esnée, Thierry Dupont, Alain Robert, Michel Besneville. Des chefs d'entreprises, presque tous leaders dans leurs domaines respectifs, mais qui acceptent de jouer les seconds rôles lorsqu'il s'agit de leur passion sportive.
Même de grands chefs d'entreprise ne peuvent maîtriser la « glorieuse incertitude du sport ». En revanche, ils connaissent tous l'importance de la communication dans le monde du business. Un secteur où le Stade Malherbe de Caen ne brille pas depuis plusieurs saisons. Avec notamment Franck Dumas, un entraîneur dont la communication laisse souvent pantois les supporters.
De mauvais résultats, une image détériorée... Des arguments classiques pour changer des équipes dans le secteur économique. Pas forcément dans le sport.
Jean-Christophe LALAY.
Ouest-France