Karibou a écrit:
Applaudir un écran c'est spécial de toute façon...
Sous l'Occup, on sifflait les actualités allemandes, ce qui obligea les autorités à laisser la lumière dans les cinoches (ce qui est complètement absurde du coup).
"Localement", il y a eu le cas à St-Pierre-sur-Dives en 1941, à l'occasion d'une "rétrospective" sur la coupe du monde 1938, où on diffusait un résumé du 1/8 de finale entre la Suisse et l'Allemagne (l'équipe du Grand Reich, hyper favorite, car elle avait intégré l'équipe autrichienne, alors cador européen, moins les joueurs juifs tout de même, car faut pas déconner non plus). Le match avait déjà dû être rejoué à la suite d'un premier score nul, ce qui avait déjà constitué un affront pour les Fritz, mais qui ne fut rien en comparaison de l'humiliation infligée par la défaite contre l'équipe hélvétique (4 buts à 3). Au cours du résumé, donc, les spectateurs exultaient lors des buts suisses, et huaient ceux des hitlériens en shorts.
Cette attitude, qualifiée par certains historiens de "résistance civile", à la suite de l'expression forgée par le sociologue Jacques Semelin, est typique du comportement visant sciemment à s'opposer à l'occupant avec les maigres moyens dont on dispose : on lui signifie simplement qu'il est le malvenu et qu'il peut aller se faire mettre ailleurs (il ira d'ailleurs chez les Grecs en 1941). C'est une sorte d'opposition psychologique permanente, souvent sous-estimée, mais bien réelle, qui a eu peu d'impacts, naturellement, mais qui a pu être dangereuse pour ses auteurs avec l'avancement de la guerre. Par exemple, on prenait peu de risques à fermer ostensiblement ses volets sur le passage d'un défilé schleu, et encore moins en étant absent à certaines manifestations organisées par l'occupant (j'ai lu des mentions, par exemple, de concerts donnés par les Allemands à Avranches rassemblant une assistance pour le moins clairesemée). On commençait déjà à en prendre plus lorsque l'on assistait à l'enterrement d'aviateurs alliés abattus (ce qui représentait une marque de soutien évidente). Un cas à St-Sever, avec une inhumation d'un britannique rassemblant près de 1500 personnes, soit quasiment plus que la population locale. Evidemment, les Allemands commencèrent à tendre des rafles à l'issue de tels rassemblements tendancieux.
Bref, je me rends compte que je suis bien parti dans mon délire et que je me suis un peu écarté du sujet liminaire. Toutes mes excuses. Bonne journée, j'ai du pinard à acheter.