SM Caen : l'art de se tirer une balle dans le piedSituation sportive redevenue fragile après le revers (1-2) concédé dimanche contre Monaco, contexte interne explosif : les quinze derniers jours de la saison du Stade Malherbe vont être bouillants à tous les niveaux.
Il paraît qu’on récolte ce qu’on sème. Sur le terrain comme dans les arcanes du pouvoir, de Nice samedi à Paris la semaine prochaine, en passant par les assemblées générales qui décideront du sort de sa gouvernance entre ces deux matches, le Stade Malherbe va vivre quinze jours brûlants. Qui feront basculer son destin.
Caen a l’habitude, c’est l’avantage. Vu ce qu’il a proposé avant, il ne mérite pas mieux, malgré le bon match livré contre Monaco. « Si on avait fait le boulot avant, on n’en serait pas là aujourd’hui », résume Damien Da Silva. « Cette défaite fait mal à la tête, ajoute Romain Genevois. Mais cela fait un moment que c’est compliqué. Quelque part, ça nous pendait au nez. »
Quand le sportif et la politique s’entrechoquent
Pour positiver, on dira qu’à deux journées du terminus, la situation comptable du SMC n’est pas catastrophique. Elle est encore plus tendue à Toulouse (18e, 3 points de retard), Strasbourg et Lille (17e et 16e, 2 points de retard), alors que Troyes (19e, 5 points de retard) semble quasiment « out ».
Le SMC va encore souffrir à Nice, qui joue sa place en Ligue Europa. Mais pareil pour Toulouse, qui ira à Bordeaux, autre candidat à l’Europe. Pareil pour Strasbourg, qui recevra Lyon. Lille accueillera Dijon.
Il sera temps de refaire les comptes dimanche. Mais la probabilité est réelle de voir Caen encore incertain sur son avenir la semaine prochaine, avant de recevoir le PSG, alors que l’identité de sa direction sera tranchée entre le lundi et le jeudi. Niveau timing, difficile d’imaginer pire.
La situation sportive, que les dirigeants pensaient réglée après le 0-0 contre Toulouse il y a quinze jours, vient bousculer un peu plus le jeu de politique pure qui se noue en coulisse. Mais les AG ont été convoquées par le président Fortin. Les dates sont fixées.
Tout est allé trop loin. Le conflit est latent depuis la nomination de Xavier Gravelaine comme directeur général. Le point de rupture a été consommée entre les deux camps, l’un cherchant in fine à consolider son pouvoir, l’autre le refusant de cette façon. Et l’enjeu de la gouvernance ne peut être connecté aux impondérables des résultats.
Le projet des actionnaires d’abord exposé en interne ?
Aujourd’hui, un gros doute subsiste quand même sur le maintien au 16 mai de la conférence de presse de présentation du projet des actionnaires dissidents.
Il faut dire que promettre au grand public de belles choses autour de la vitrine du club (l’équipe première) sans être sûr du niveau auquel elle évoluera, ça ferait mauvais genre… L’explication du projet pourrait être réservée aux acteurs du club, lors de l’AG de la société anonyme sportive professionnelle (SASP) le 17 mai.
Et les joueurs, dans tout ça ? Leur prestation contre Monaco n’a pas semblé impactée par les histoires internes. Aujourd’hui, cela reste difficile d’évaluer leur corrélation avec la dégringolade d’une équipe qui a engrangé 2 points sur les 24 derniers mis en jeu, depuis l’ultime victoire contre Strasbourg début mars.
La solidarité et la stabilité d’un club rejaillissent forcément quelque part sur ses résultats. Caen avait vécu le phénomène inverse en 2014, après l’éclatement de l’affaire des matches de L2 présumés truqués, ressoudé autour de Gravelaine à l’époque.
Mais porter la faute sur la coulisse, c’est un peu court. La problématique est plus large. Au passage, elle concerne aussi le nombre très important de joueurs en fin de contrat (10).
2 points sur 24 possibles… comme la saison dernière !
L’équipe ne tourne plus rond depuis décembre. La révélation du supposé « putsch » des actionnaires, c’était début février. Et de début février au 4 mars, Malherbe avait réussi l’une de ses meilleures séries (3 victoires, 2 nuls, 1 défaite + une qualification à Metz en Coupe de France).
Notons surtout que la saison dernière, exactement à la même période (et sans heurt médiatique lié à la vie interne), Caen avait engrangé… 2 points sur 24 possibles. Puis il avait gagné à Toulouse et s’était sauvé par miracle au Parc des Princes, deux journées plus tard.
Le constat brut, c’est donc d’abord que l’ensemble des acteurs de terrain, toujours prompts à s’endormir sur des acquis supposés et à se tirer une balle dans le pied, n’ont pas été capables de progresser.