Zubar : « A Lyon, je n’étais pas sûr de jouer »
Pour la première fois, le capitaine caennais Ronald Zubar évoque son transfert manqué à Lyon, dans le cadre du Mercato. Il finira la saison avec Malherbe, avant de partir.
Comment avez-vous vécu cette fin de Mercato, marquée par les contacts entre Caen et Lyon à votre sujet?
Très bien .. Je continuais à m'entraîner normalement avec les copains, à expliquer aux journalistes que je ne voulais pas m'exprimer. On a juste parlé un peu plus de moi, des gens ont appris à me connaître. C'était plutôt marrant.
Comment s'étaient engagées les discussions?
Après le match contre Laval, j'ai eu les dirigeants lyonnais. Le président Aulas en personne. J'en ai parlé avec ma direction. L'affaire a un peu traîné, même si je remercie M. Fortin d'avoir ensuite baissé ses prétentions. Mais Lyon s'était mis sur Müller, et les choses ont avancé plus vite de ce côté-là. C'était lui ou moi, ça a été lui. Ensuite, ils n'étaient pas certains de pouvoir m'offrir du temps de jeu.
N'êtes-vous pas amer?
Non. Bon, ce n’est pas tous les jours qu'on peut signer à l'OL, mais c'est déjà flatteur de savoir qu'ils s'intéressent à toi. Là-bas, je n'aurais pas été sûr de jouer, car ils comptent tout de même neuf défenseurs. Je ne voulais pas y aller juste pour être chez le champion de France, mais pour participer activement à la fête.
Avez-vous également eu vent d'offres anglaises?
Oui. Mais je n'y ai pas trop prêté attention. Ce n’est pas mon plan de carrière. Je préfère faire un club de L1 plutôt que d'aller à l'étranger. Ma priorité, c'est de jouer. C'est comme cela que je pense progresser, pas en étant en CFA, et même si je côtoie de grands joueurs aux entraînements. Mon optique, c'est d'engranger des matches pros.
Ne pas jouer, c'était aussi se mettre en position délicate avant l'Euro espoir, non?
Je ne crois pas, René Girard, le sélectionneur, avait apparemment parlé de moi en bien à Lyon.
Peut-être partirez-vous dans le Rhône cet été?
On verra. J'ai un deal avec les dirigeants caennais. Je peux partir si nous ne montons pas, si nous montons, je vois… J'étudierai ce qu'on me proposera ailleurs, si on y compte sur moi. Mais je finis la saison ici. Je ne suis pas dans un club de L2 pourri, j'ai la confiance de l'entraîneur, de mes coéquipiers, et mathématiquement nous pouvons encore nourrir des ambitions.
Cela demeure mathématique, non?
Je ne sais pas. Moi, cette histoire de transfert m'a encore plus motivé, m'a encore plus donné envie de me défoncer aux entraînements, d'être plus rigoureux en match. Je veux finir en boulet de canon, tirer l'équipe vers le haut. Mais il nous manque l'envie, la rage, l'agressivité. Quand tu joues contre Reims, Valenciennes, tu as toujours deux ou trois mecs sur toi, qui viennent te tacler. Nous, des attaquants aux défenseurs, nous défendons très mal. Nous devons haïr la défaite, et ici nous n'avons pas cette culture. Tu perds, on te dit qu’on va commencer à préparer la saison prochaine. Il faut être plus méchant, à tous les niveaux. Des dirigeants aux joueurs, qui n'ont peut-être pas assez la pression. Mais ce n'est peut-être pas non plus la vérité.
Recueilli par Dominique FAURIE. Ouest-France du Jeudi 2 Février 2006
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