Voilà de quoi apporter de l'eau au moulin, une analyse sur les déclinaisons de "con".
Michel Volle a écrit:
Lors de sa visite au salon de l'agriculture le 23 février le président de la République a dit "casse toi, pauvre con !" à un quidam qui refusait de lui serrer la main.
J'ignore si cela améliorera la cote de Nicolas Sarkozy dans les sondages (voir évolution de l'opinion), mais cela nous invite à parcourir le trésor d'expressions qui, associant diverses épithètes (grand, gros, sale etc.) au substantif "con", couvre l'éventail du péjoratif.
C'est une des richesses de notre langue orale, ses nuances sont un secret qu'un étranger aura du mal à percer. En voici un aperçu, sans prétendre épuiser la liste :
- Le vrai con est quelqu'un dont la stupidité ne fait absolument aucun doute ;
- le pauvre con est un pauvre bougre, pas malin, envers lequel on éprouve une commisération méprisante ;
- du sale con on doit attendre qu'il joue de sales tours ;
- le mauvais con, plus dangereux, jouera de mauvais tours ;
- le gros con, lourd et poussif, ne comprend rien à rien ;
- le jeune con s'exagère la portée de son expérience et commet des impairs ;
- le vieux con, attaché à ses habitudes, est incapable de comprendre une nouveauté ;
- le grand con est un niais qui, du haut de sa prétention, dédaigne la réalité ;
- le petit con, prétentieux lui aussi, est en outre un sournois.
* *
Notre langue orale abonde en termes péjoratifs : son génie, qui est aussi celui de notre nation, n'est ni paisible ni complaisant.
Ces termes ne s'écrivent jamais et mieux vaut ne pas les prononcer à voix haute, surtout à proximité d'un micro : lorsque Alain Juppé a dit "les pétasses" pour désigner les dames qui faisaient partie de son gouvernement comme lorsque Patrick Devedjian a qualifié Anne-Marie Comparini de "salope", cela ne leur a pas fait honneur.
Ils appartiennent à la langue intime que l'on se parle à soi-même et qui permet de purger une tension, notamment quand on conduit sa voiture. Je n'écrirai certes pas ici les qualificatifs dont j'affuble, dans cette langue-là, les personnes qui me contrarient : ils sont beaucoup plus grossiers que le "pauvre con" émis par Sarkozy dans un moment de laisser-aller.
Mais un président de la République ne doit pas se laisser aller. Ayant donné le mauvais exemple il ne faudra pas qu'il s'étonne si, dans une manifestation, apparaissent un jour des pancartes où on lira "Casse toi, pauvre con !".
source :
http://www.volle.com/opinion/pauvrec.htm