Inscription: 09 Juil 2007 12:54 Messages: 16378 Localisation: Paris
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Elle a proposé une assurance sur le train de vie à Thibout contre son témoignage dans le procés pour abus de faiblesse à l'encontre du photographe qui s'est fait offrir presque 1 milliard d'euros et une île par une vieille sénile.
L'autre aime bien la sénile et aimerait bien la protéger d'elle même mais aime encore plus la thune que lui rapporte son boulot auprès de la même sénile, boulot qu'elle perdra à coup sûr si elle témoigne.
Donc ce que tu dis n'est pas faux mais ce que tu omets de préciser c'est que Thibout dit très certainement la vérité depuis le début dans cette affaire.
et je remets ça ici :
mediapart a écrit: L'ex-comptable des Bettencourt persiste et signe face à la juge- Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Elle n'a pas flanché. Entendue pour la première fois vendredi 16 juillet par une juge indépendante, l'ex-comptable des Bettencourt, Claire Thibout, a maintenu ses déclarations compromettantes sur un possible financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 et sur l'existence, au sein de la maison des Bettencourt, à Neuilly-sur-Seine, d'un système de remise d'enveloppes d'argent en espèces destinées à «certains politiques en campagne électorale».
Face à la juge Isabelle Prévost-Desprez, Mme Thibout a aussi raconté comment elle était devenue, en quelques heures, la proie d'un harcèlement judiciaire et policier d'une rare intensité après les révélations de Mediapart sur le sujet, le 6 juillet. «J'ai eu la sensation d'être traitée comme l'ennemi public n°1», a expliqué l'ancienne employée des époux Bettencourt à la magistrate.
Présidente de la XVe chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre, la juge Prévost-Desprez a été autorisée la semaine dernière, par la cour d'appel de Versailles, à mener ses propres investigations sur l'affaire Bettencourt après la divulgation du contenu d'enregistrements clandestins réalisés, entre mai 2009 et mai 2010, au domicile de Liliane Bettencourt par son ancien majordome.
Les investigations de la juge sont conduites en parallèle avec les enquêtes préliminaires menées sur la même affaire par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, avec qui Mme Prévost-Desprez entretient des rapports exécrables. Différentes enquêtes sur la même affaire au sein du même tribunal, menées par deux magistrats qui se détestent ouvertement: la situation est sans précédent.
Lors de son audition par la magistrate, Claire Thibout a d'abord été longuement interrogée sur les soupçons d'abus de faiblesse qui pèsent sur le photographe François-Marie Banier, accusé par la fille de Liliane Bettencourt d'avoir dépouillé sa mère d'une partie de son patrimoine. Il s'agit là du volet familial de l'affaire Bettencourt. Mais Claire Thibout s'est également épanchée sur ce qui constitue aujourd'hui l'aspect le plus explosif du dossier, à savoir un possible financement illicite de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy il y a trois ans.
L'ex-comptable a ainsi confirmé avoir été sollicitée début 2007 par le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, qui lui aurait réclamé 150.000 euros en espèces pour les remettre à Eric Woerth, et ce afin de financer – illicitement – la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. «Contrairement à André et Liliane Bettencourt qui ne me disaient rien sur l'affectation des espèces, Patrice de Maistre m'avait demandé 150.000 euros en espèces pour les remettre à Eric Woerth. J'ai évidemment compris que c'était pour la campagne des présidentielles», a assuré Claire Thibout sur le procès-verbal, dont Mediapart a pu prendre connaissance.
Déjà interrogée par les policiers de la brigade financière le 5 juillet (puis par Mediapart dans la foulée) sur ces faits, Claire Thibout a expliqué à la juge s'être «trompée» sur la date précise de cet événement qu'elle avait situé en «mars-avril 2007» devant les enquêteurs. «Je me suis trompée de date en fait, j'ai retrouvé tout ça dans mon agenda 2007, à la date du 18 janvier 2007 j'ai inscrit "rendez vous madame Bettencourt pour donner enveloppe qui donnera à Patrice".» La comptable a pris soin de venir avec une copie de son agenda qu'elle a remis à la juge, comme l'indique une annexe du procès-verbal d'audition.
Questionné par Mediapart mercredi matin 21 juillet, Me Antoine Gillot, l'avocat de Mme Thibout, a révélé que les policiers, qui ont réentendu sa cliente mardi (notamment sur une somme de 100.000 euros en espèces retirée par la comptable en décembre 2006 à la demande de la milliardaire), avaient saisi de leur côté un agenda de Liliane Bettencourt attestant que cette dernière «avait rendez-vous "un quart d'heure" avec Claire Thibout et Patrice de Maistre, le 18 janvier 2007, à la même heure que celle indiquée par (sa) cliente».
Claire Thibout a poursuivi son récit devant la juge Prévost-Desprez en ces termes: «En réalité, j'ai donc donné 50.000 euros en espèces à Liliane Bettencourt pour Patrice de Maistre. Liliane Bettencourt ne se souvenait pas de l'objet du rendez-vous qu'elle avait avec Patrice de Maistre. Quand je suis allée la voir un quart d'heure avant, elle m'a demandé de rester avec elle et de me mettre dans un coin. Quand Patrice de Maistre est arrivé, j'ai remis l'enveloppe à Liliane Bettencourt qui l'a remise à son tour à Patrice de Maistre. J'étais donc présente lors de cette remise d'enveloppe. Patrice de Maistre m'avait dit qu'il voulait que ça passe par Liliane Bettencourt.»
Des enveloppes et des politiquesDans de précédentes déclarations, que ce soit à Mediapart ou à la police judiciaire, Claire Thibout a affirmé que le reliquat de 100.000 euros réclamé par Patrice de Maistre pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy avait été prélevé sur l'un des comptes suisses non déclarés au fisc français détenus par les époux Bettencourt.
Plusieurs documents saisis ces derniers jours par les policiers (agendas, notes de travail...) ont confirmé l'étroitesse des liens et la fréquence des rencontres entre Patrice de Maistre et Eric Woerth. Egalement en possession des enquêteurs, une note confidentielle, signée de Patrice de Maistre et datée de septembre 2006, a par ailleurs démontré que le gestionnaire de fortune a été chargé de faire le lien entre les époux Bettencourt et Eric Woerth pour le financement de l'UMP en général, et celui de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en particulier.
Lors de son audition par la juge Prévost-Desprez, l'ex-comptable est également revenue sur de singulières mœurs financières longtemps en vogue chez les Bettencourt: le versement d'espèces, en grande, très grande quantité, au sein de la maison. «Le plus souvent, ces espèces étaient destinées à payer les "petits frais" de la maison. Par exemple les cuisiniers et les maîtres d'hôtel me donnaient des notes de frais que je réglais en espèces. Je payais aussi de cette manière les coiffeurs, les pédicures, les médecins, les kinés.»
Puis Claire Thibout en est venue à la partie la plus délicate concernant ce curieux ballet: la distribution d'enveloppes pour les politiques. «Il m'était demandé aussi des enveloppes avec des espèces. Je n'ai pas compris tout de suite pourquoi et j'insiste sur le fait que la maison était très discrète. Dans les enveloppes, il pouvait y avoir des sommes qui pouvaient aller de 20.000 à 100.000 euros. Je remettais ces enveloppes selon leur demande soit à Liliane Bettencourt soit à André Bettencourt. Au début, André Bettencourt me demandait d'aller retirer les espèces sur son compte au Crédit Lyonnais mais c'était assez compliqué et Liliane Bettencourt ne voyait pas d'inconvénient à ce que ces retraits soient effectués sur son compte à elle, même s'ils étaient demandés par André Bettencourt.»
L'ex-comptable se fait plus précise: «Liliane Bettencourt laissait échapper parfois de petites choses sur les destinataires de ces enveloppes. André Bettencourt était plus discret. J'ai fait des déductions entre les demandes d'enveloppes et la venue de certains politiques en campagne électorale.»
Comme elle l'a déjà expliqué à plusieurs reprises aux policiers et à Mediapart, Claire Thibout a maintenu devant la juge n'avoir «jamais assisté à une remise d'enveloppe contenant des espèces à un politique précisément». «J'ai cité les nombreux hommes politiques qui fréquentaient la maison ou qui l'avaient fréquentée par le passé», a-t-elle poursuivi, en référence à de précédentes déclarations dans lesquelles elle avait notamment cité le nom de Nicolas Sarkozy. «Le lendemain de la visite d'un politique, il (André Bettencourt, NDLR) me disait qu'il n'avait plus d'espèces et qu'il en avait besoin, ou tout de suite ou un jour précis qu'il me spécifiait. Tout cela se passait dans la discrétion et il ne m'a jamais rien dit à ce sujet», a encore confié Mme Thibout à la juge.
Devant Mme Prévost-Desprez, qui n'est de fait pas saisie d'un éventuel financement politique illicite, Claire Thibout n'a cette fois cité aucun nom de personnalités politiques. Toutefois, au détour d'une réponse sur l'état de santé de Liliane Bettencourt (voir notre autre article ici), l'ex-comptable a livré une anecdote propre à susciter les interrogations. Evoquant un mot que Patrice de Maistre aurait fait apprendre par cœur à la milliardaire juste avant un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, en novembre 2008, elle a déclaré: «Je crois que ce mot disait qu'elle le félicitait pour son élection, qu'elle avait des ennuis avec sa fille, en précisant "Je vous ai toujours aidé et je vous aiderai toujours".»
Depuis les premières déclarations de la comptable sur le sujet des “enveloppes”, plusieurs anciens employés des Bettencourt, notamment une secrétaire (Chantal Trovel) et un maître d'hôtel (Pascal Bonnefoy), ont conforté les dires de Claire Thibout sur l'existence d'un système d'enveloppes pleines d'argent liquide destinées à des hommes politiques. La première a évoqué comme bénéficiaires «des candidats qui cherchaient à financer leur campagne». Le second l'a assuré aux policiers: «Ces enveloppes, elles existaient, j'en ai d'ailleurs vu une.»
«Deux cars de gendarmes et une estafette»Mais voilà, parler du financement protéiforme du monde politique français (essentiellement de droite) par les Bettencourt semble relever de l'offense, si ce n'est du blasphème. Lors de son audition, Claire Thibout a ainsi longuement évoqué le “traitement” qui lui a été réservé après ses déclarations à Mediapart sur le sujet, mises en ligne mardi 6 juillet tôt dans la matinée. Elle avait été interrogée deux fois (la première au siège de la brigade financière, la seconde à son domicile parisien) la veille par les policiers. «A la suite de la parution de l'article de Mediapart le mardi matin, les journalistes étaient présents à mon domicile et surtout à mon bureau et à celui de mon mari», s'est souvenue l'ex-comptable. «Mon avocat m'a donné le conseil de partir pour être tranquille. Je voulais protéger mes enfants de tout cela, ils sont âgés de 13 et 10 ans. Je suis partie le mardi après-midi vers 15 heures. Nous avons attendu longtemps à la gare avant d'avoir un train. Nous sommes arrivés chez mes cousins à Fourques (Gard, NDLR) vers 22 heures. J'étais très fatiguée et troublée par tout ce qui arrivait.»
Mme Thibout a alors tout débranché, ne réécoutant son répondeur téléphonique que mercredi midi. Elle y a découvert des messages de la brigade financière lui signifiant qu'elle était reconvoquée et qu'on ne la «trouvait nulle part». «Il y (avait) d'ailleurs des articles de journaux disant que j'avais disparu. J'ai rappelé la brigade financière en disant que je revenais sur Paris en précisant que je prenais le premier train à Avignon, ce qui m'aurait amenée à Paris dans les 2h30 après.»
Las, alors qu'elle arrive à la gare, Claire Thibout reçoit un nouvel appel de la brigade financière lui indiquant qu'elle ne devait pas prendre le train mais rester là où elle était ! «Ils n'avaient pas encore d'instructions précises me concernant», glisse-t-elle. A partir de là, la pression ne va cesser de monter sur les épaules de la comptable, devenue un jouet entre les mains de la justice et de la police, prise dans une affaire d'Etat dont elle va bientôt prendre toute la mesure.
«Quand nous sommes revenus chez mes cousins à Fourques nous avons vu qu'étaient stationnés devant leur domicile deux cars de gendarmes et une estafette. Au bout d'un quart d'heure, je suis allée leur demander ce que je devais faire. Ils m'ont répondu que je devais rester dans la maison en attendant.»
Claire Thibout est alors à la fois effrayée et incrédule: «Je me demandais à quoi correspondait tout ça et ce d'autant que j'étais prête à partir sur Paris sans souci.» Elle n'est pas au bout de ses surprises: «Quand la brigade financière est arrivée, après un délai de 4 heures, ils m'ont emmenée à Nîmes.» Là, la comptable va être, toute la soirée, soumise au feu des questions des policiers, manifestement désireux de savoir pourquoi elle en a dit plus à Mediapart qu'à eux-mêmes...
De fait, comme la lecture de son procès-verbal l'indiquait, l'audition se concentre sur l'interview qu'elle nous avait accordée. «Ils m'ont entendue essentiellement sur l'article de Mediapart jusqu'à 2 heures du matin. Comme personne ne m'a raccompagnée, ce sont mes cousins qui sont venus me chercher.» C'est dans ce contexte que sera lâchée la fameuse phrase dont l'Elysée s'empressa de faire ses choux gras dès le jeudi 8 juillet au matin, après que Le Figaro l'eut opportunément publiée: «L'article de Mediapart me fait dire que j'aurais déclaré quelque chose concernant la campagne électorale de M. Edouard Balladur. C'est totalement faux, c'est de la romance de Mediapart.» Cette dernière phrase lui a-t-elle été soufflée ?
Devant Isabelle Prévost-Desprez, Claire Thibout a expliqué: «Lors de cette audition, j'étais fatiguée et choquée et c'est comme ça que j'ai fini par dire que Mediapart avait romancé mes propos. C'est parti plutôt sur le ton de la conversation avec les policiers dont je tiens à dire qu'ils ont été toujours corrects lors de mes auditions. Comme je vous l'ai dit, il s'agissait seulement de rapprochement que je n'avais pas fait et donc des extrapolations de propos que je maintiens.»
«J'ai eu l'impression d'être traitée comme une voleuse»A plusieurs reprises devant Mme Prévost-Desprez, Mme Thibout, tout en dénonçant ce qui s'apparente à un véritable harcèlement, donne paradoxalement le sentiment de vouloir “excuser” les policiers, rejetant implicitement l'origine de ses ennuis sur le seul parquet de Nanterre. Elle conclura d'ailleurs son PV sur cette phrase: «La police n'a fait que son travail et leur attitude a été courtoise.» Comme si elle craignait de se mettre à dos des enquêteurs qui, de fait, continuent de la questionner régulièrement (elle était encore convoquée hier, mardi 20 juillet).
A l'issue de cette drôle d'audition, essentiellement consacrée à Mediapart, dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 juillet, Claire Thibout, placée sous étroite surveillance, n'est toujours pas au bout de ses peines. «Le lendemain (jeudi 8 juillet, NDLR), j'ai dû prendre un train à 6 heures du matin avec les policiers. Ceux-ci m'ont dit que je n'y étais pas obligée mais que c'était préférable. Les policiers se sont assis à côté de moi. L'un d'entre eux m'a même accompagnée quand j'ai voulu aller boire un café seule.»
Son calvaire se poursuit, cette fois rue du Château-des-Rentiers, siège de la police financière parisienne. Témoin soumis au traitement habituellement réservé aux suspects, elle ne peut bénéficier de l'assistance de son avocat. «A compter de notre arrivée, j'ai été entendue toute la journée à la brigade financière, reprend-elle. J'ai été interrogée le matin sur l'article de Mediapart et l'après-midi il y a eu une confrontation avec Patrice de Maistre et Eva Ameil, la chargée de clientèle à la BNP.» Elle ne sera libérée que dans la soirée.
«J'ai pu repartir chez moi à 21 heures. J'ai eu l'impression pendant ces journées d'être traitée comme une voleuse, mes enfants étaient inquiets. Mon fils pleurait en se demandant ce qu'il se passait.» Et Claire Thibout de conclure: «Je voulais simplement ajouter que je suis choquée parce que je considère avoir été harcelée alors que je n'étais que témoin. J'ai eu la sensation d'être traitée comme l'ennemi public numéro 1. Ma famille a été ébranlée par tout cela.»
Outre les déclarations de Claire Thibout, Isabelle Prévost-Desprez a également recueilli celles de Pierre Castres Saint Martin, le 19 juillet, et de Françoise Meyers-Bettencourt, le 20 juillet. Ancien dirigeant de L'Oréal et prédécesseur de Patrice de Maistre au poste-clef de gestionnaire de fortune, M. Castres Saint Martin, évincé en 2004, a notamment assuré: «Liliane Bettencourt était totalement manipulée par François-Marie Banier et à la fin de mon passage auprès d'elle, j'ai compris qu'elle m'avait manipulé pour que j'épouse les vues de François-Marie Banier avec lequel j'ai toujours eu des relations correctes.» M. Castres Saint Martin en est persuadé, si «Liliane Bettencourt était une dame d'un certain âge, pour (lui), elle n'était pas diminuée mais manipulée».
La fille de Liliane Bettencourt a eu la dent encore plus dure s'agissant de M. Banier: «C'est un prédateur qui a brisé notre famille», a-t-elle tranché devant Isabelle Prévost-Desprez. La fille de Liliane Bettencourt a profité de son audition pour expliquer longuement dans quelles circonstances elle avait été amenée à verser 400.000 euros à Claire Thibout.
Comme l'expliquait mardi à Mediapart l'avocat de l'ex-comptable, Me Antoine Gillot (notre article ici), Mme Meyers-Bettencourt n'aurait fait que «respecter le vœu» de son père, qui lui aurait demandé «de veiller sur Claire Thibout en raison de toutes les pressions qu'elle a subies de MM. François-Marie Banier et Patrice de Maistre. Claire Thibout avait toute la confiance de mes parents et c'est elle qui a mis en rapport les donations faites à François-Marie Banier avec l'état de santé de ma mère» (...) «Il n'était pas question pour moi de ne pas respecter la parole de mon père auprès de qui je m'étais engagée.»
Pour Mme Meyers-Bettencourt, Claire Thibout «a pris des risques, et le risque essentiel était d'être licenciée à son âge après avoir travaillé depuis 1995 pour mes parents». «Je tiens à dire, a-t-elle ajouté, que tout ce qu'elle a exprimé dans ses témoignages a été corroboré par les enregistrements effectués au domicile de ma mère.» «Je n'ai payé personne pour faire un témoignage», a conclu la fille de Liliane Bettencourt.
l'avocat de Thibout a écrit: Lors de cet interrogatoire, Claire Thibout aurait révélé avoir perçu une somme de 400.000 euros provenant de la fille de Liliane Bettencourt.
C'est parfaitement exact. D'abord, rien ni personne n'obligeait ma cliente à évoquer cette somme de 400.000 euros. C'est elle-même qui spontanément a décidé d'en parler à Mme Prévost-Desprez lors de son audition. D'autre part, je tiens à préciser que cette somme de 400.000 euros lui a été réglée en toute connaissance de cause par Mme François Meyers-Bettencourt, ce qui fait évidemment une énorme différence avec tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont obtenu des sommes parfois faramineuses de Liliane Bettencourt en abusant de sa faiblesse. Par ailleurs, Françoise Meyers-Bettencourt n'a fait que respecter le vœu de son père qui avait beaucoup d'estime pour Claire Thibout.
Mais à quoi correspond ce versement ?
Il y a une explication toute simple à ce paiement: en avril-mai 2007, Claire Thibout est totalement sous pression, elle assiste impuissante à l'emprise totale que François-Marie Banier et consorts exercent sur Liliane Bettencourt. C'est notamment à cette époque que M. Banier exerçait une pression incroyable par l'intermédiaire de Mme Bettencourt sur Claire Thibout pour essayer de récupérer l'ensemble des bijoux non inventoriés que Mme Bettencourt détenait dans un coffre à la BNP Opéra dont Claire Thibout détenait une des deux clés, l'autre étant entre les mains de Mme Bettencourt. Claire était à ce point à bout à cette époque qu'elle a été arrêtée pour un état dépressif du 7 mai au 10 juin 2007.
Que s'est-il passé alors ?
C'est à cette même époque qu'elle a parlé de la situation à M. Bettencourt, déjà très malade (il mourra quelques mois plus tard, en novembre 2007, NDLR), mais il lui a dit qu'il ne pouvait malheureusement rien faire. Claire a donc décidé de rompre le silence qu'elle s'était imposé jusque-là et elle a tout raconté à Françoise Meyers: l'état de faiblesse de sa mère, l'attitude de Banier et Maistre (le gestionnaire de fortune, NDLR), les donations faramineuses à Banier, l'ambiance délétère dans la maison, etc. Elle sait très bien à ce moment-là qu'en parlant, elle prend le risque de perdre sa place, vu que Mme Meyers-Bettencourt est déjà persona non grata chez sa mère.
[...]
Mme Meyers-Bettencourt, parfaitement consciente du risque que Claire prend à l'époque en lui fournissant des informations, lui signe en juillet 2007 une lettre au terme de laquelle elle s'engage, si Claire Thibout venait à être licenciée pour cette raison, à lui régler le complément entre l'indemnité qui lui serait réglée et une somme forfaitaire nette de 800.000 euros.
De fait, Claire Thibout sera finalement bien licenciée, en novembre 2008, soit seize mois après la signature de cette lettre, en raison notamment du témoignage qu'elle a apporté dans le cadre de la procédure judiciaire engagée par Mme Meyers-Bettencourt contre M. Banier.
Licenciée, Claire Thibout a été indemnisée...
Oui, dans le cadre de ce licenciement, elle a reçu une indemnité de licenciement, mais de 400.000 euros. Donc, tout naturellement, conformément à ses engagements Mme Meyers-Bettencourt lui a versé une somme complémentaire de 400.000 euros, à titre de dommages et intérêts fin 2008. Cette somme n'est rien d'autre que la juste réparation du préjudice considérable subi par ma cliente. Il va de soi que ce règlement n'altère en rien le témoignage, qui repose sur des faits avérés, fourni par ma cliente dans le cadre de la procédure pour abus de faiblesse.
Ce versement n'altère bien entendu pas davantage ses déclarations s'agissant des espèces que lui a demandées M. Maistre, selon les dires de ce dernier, pour le compte de M. Woerth pour financer la campagne de M. Sarkozy en 2007, ni ses déclarations s'agissant des mouvements d'espèces fréquents au sein de la maison Bettencourt à destination des politiques que recevait M. Bettencourt.
Certains vont dire que votre cliente a été achetée...
En aucune manière elle n'a été achetée ! La chronologie l'atteste: le licenciement de Claire Thibout n'était absolument pas certain en juillet 2007. Et puis, comment au mois de juillet 2007 Françoise Meyers-Bettencourt pouvait-elle imaginer que des enregistrements seraient réalisés deux ans plus tard par le maître d'hôtel? Comment encore pouvait-on prévoir la plainte pour vol déposée de manière absurde contre Claire Thibout par l'avocat de Liliane Bettencourt, en juin 2010, initiative qui a valu à Claire d'être convoquée par la police, la conduisant notamment à évoquer les remises d'espèces qui avaient cours chez les Bettencourt ?
_________________ « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »Влади́мир Ильи́ч Улья́нов This is such a mind fuck.
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