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Le fiston suit les débats à l'Assemblée.
Crispations à l’Assemblée sur le projet sanitaire du gouvernement
Mercredi 21 Juillet 2021
Florent LE DU
À gauche comme à droite, les réserves sont nombreuses sur le texte de l’exécutif. Il devrait néanmoins être validé par la majorité, dès ce mercredi.
« Avec une procédure législative aussi rapide, les oppositions pourront-elles raisonnablement faire des propositions ? » s’interroge le député communiste Pierre Dharréville. Le projet de loi contenant notamment l’extension du passe sanitaire à partir du 1er août (dans les cafés, restaurants, transports de longue durée, grands centres commerciaux…) doit être voté au pas de charge par l’Assemblée nationale, ce mercredi après-midi, avant d’arriver au Sénat dès le lendemain.
Et pourtant, les députés d’opposition ont de nombreuses et diverses réserves concernant les nouvelles mesures du gouvernement. Si les parlementaires LR n’ont pas encore tranché sur la nature de leur vote – « Il n’y a pas de volonté chez nous de blocage, mais pas volonté d’escamoter les débats », résume leur chef de file, Damien Abad –, tous les groupes de gauche seront contre.
« Contrôle généralisé de tous par tous »
Au-delà de la prolongation, jusqu’à fin décembre, du régime transitoire d’état d’urgence sanitaire, à laquelle les communistes et insoumis s’opposent, c’est bien sûr l’extension du passe sanitaire qui génère le plus de crispations. La France insoumise a réitéré mardi sa ferme opposition à cette mesure, tout comme le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR) : « Cette extension, qui touche au droit du travail, au droit de la fonction publique, organise une sorte de contrôle généralisé de tous par tous qui n’est pas acceptable », assure le député communiste Pierre Dharréville.
Un constat partagé par le Parti socialiste, dont les députés et sénateurs proposent la vaccination obligatoire pour tous les adultes. « Nous refusons que la moitié de la population contrôle l’autre moitié de la population. Pour faire face à la recrudescence du variant Delta, la vaccination obligatoire nous paraît nécessaire, de manière progressive d’ici le mois d’octobre, pour permettre à chacun d’être vacciné à temps », détaille la présidente du groupe socialiste, Valérie Rabault. « Cela ne peut fonctionner, si vous enlevez le passe sanitaire alors, d’ici octobre, la quatrième vague nous aura submergés », a répondu le ministre de la Santé, Olivier Véran. Auditionné en commission à l’Assemblée nationale mardi, il a également soutenu que « la question ce n’est pas le passe sanitaire ou la liberté, c’est le passe sanitaire ou le confinement ».
Une fatalité qui, pour la gauche, est imputable au gouvernement lui-même. Celui-ci ayant tardé à réagir face au risque de quatrième vague et à mettre en place une stratégie vaccinale efficace. « Il faut faciliter davantage la vaccination à celles et ceux qui en sont éloignés, aller au plus près de la population, dans les quartiers populaires, les lieux touristiques, propose Pierre Dharréville. Il faut de l’humain, des rencontres, répondre aux questions que de nombreuses personnes se posent. Nous sommes dans une crise de confiance envers la parole publique que le président de la République a accentuée, il faut donc convaincre. » « Mais nous faisons de la proximité à fond les ballons depuis des mois », s’est défendu Olivier Véran, répondant à une question de la députée insoumise Caroline Fiat, peu convaincue par le ministre de la Santé.
Mardi, celui-ci a par ailleurs publié un décret levant l’obligation du port du masque dans les lieux dont l’entrée est soumise à la présentation du passe sanitaire. « Une décision irresponsable et contradictoire à l’égard de la mobilisation nécessaire face à la recrudescence du variant Delta », juge Pierre Dharréville.
Des millions de doses de vaccin manquent à l’appel
Valérie Rabault (PS) a par ailleurs rappelé que 50 millions de doses supplémentaires étaient nécessaires pour vacciner l’ensemble de la population de plus de 12 ans. Or, la France dispose d’un « stock de 6 millions » auquel doivent s’ajouter « 4,5 millions de doses par semaine », en août, selon le premier ministre, Jean Castex. « Vous imposez des restrictions sans qu’il soit possible pour tous d’être vaccinés », a reproché la cheffe de file des députés PS, qui calcule que le total s’élève à seulement « 22 millions » d’injections. De la même façon, Damien Abad réclame que le passe sanitaire entre en vigueur le 30 août et non dès le 1er, « de façon à laisser à chacun le temps d’achever son parcours vaccinal », une proposition soutenue par l’UDI.
Lors des questions au gouvernement, mardi, Jean Castex a estimé que ces nouvelles mesures ne pouvaient pas attendre face à la vague épidémique qui arrive. Le premier ministre a aussi annoncé qu’il saisirait lui-même le Conseil constitutionnel sur ce texte de loi. Il devance ainsi les députés socialistes et insoumis, qui prévoyaient eux aussi une saisine, ne se faisant que peu d’illusion sur l’issue du vote par l’Assemblée nationale et de sa majorité macroniste.
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