befa a écrit: Guigui a écrit: Ghost of Benoit Caen a écrit: - l'article complet
Jeune retraité, Nicolas Seube est revenu longuement sur ses 16 années passées au Stade Malherbe de Caen. L’homme aux 520 matches disputés sous le maillot caennais évoque le joueur qu’il était, ceux qui l’ont marqué, ses fiertés et regrets, les jours où sa carrière aurait pu basculer…
Le jour où… Il a découvert Caen
« J’ai découvert Caen un jour de mai 2001. J’étais venu faire un essai à Venoix. Il y avait 60 gars de la région… Ce n’était pas tout à fait ce que m’avait vendu mon agent de l’époque. À l’issue de la matinée, Guy David est venu me voir et m’a posé une question. « Quel est ton poste ? » Je lui ai répondu : « Où vous voulez, tant que je joue ». Il m’a dit : « Si on se maintient en Ligue 2, je te prends ».
Ça s’est fait aussi simplement que ça. On n’a pas parlé d’argent ni de durée de contrat. Quand on est à la recherche d’un club, on ne peut pas être exigeant. Ce que je recherchais, c’était un contrat pro, pas un contrat juteux. À l’époque, je crois que j’avais signé pour 30 000 francs.
Ce jour-là, le SM Caen m’a gentiment tendu la main. Je dis bien « gentiment » parce que je suis passé par la petite porte. Grâce à un homme, malheureusement décédé depuis, qui m’a fait confiance. Je pense qu’il ne s’est pas trompé dans le profil car 16 ans après, je suis toujours là… »
Le jour où… Il est devenu capitaine
« C’est Franck (Dumas) qui m’a donné le brassard. Parce que je le méritais, c’était sa phrase. J’ai été capitaine pendant sept ans. C’est un grand honneur et une grande fierté. Un rôle vraiment difficile, aussi. Surtout quand le club vit des moments comme il a vécu en fin de saison. Il faut être rassembleur, fédérateur, aller voir les joueurs qui ne vont pas bien. Ceux qui vont bien aussi.
Il faut plaire à tous, être à l’écoute de l’entraîneur, être son relais. Pour autant, il y a des joueurs qui ne peuvent pas encadrer l’entraîneur donc il faut avoir les bons mots. Le capitaine est sous les feux de la rampe quand ça va bien et quand ça ne va pas. J’ai connu une saison où j’étais le seul joueur autorisé à parler aux médias. »
Le jour où… Il a joué au Stade de France
« Mon principal regret, c’est de ne pas avoir gagné quelque chose avec Malherbe. Le titre de champion de France de Ligue 2, en 2010 ? Pff, je vous le donne si vous le voulez. Cette finale de Coupe de la Ligue contre Strasbourg (1-2 en 2005) reste l’un de mes meilleurs souvenirs. Mais je regrette qu’on l’ait joué à ce moment-là, à cet âge-là et dans ces conditions-là.
Avec cette génération, on a tout vécu en l’espace de neuf mois. On est passés de joueurs inconnus en Ligue 2 à finalistes de la Coupe de la Ligue. On n’était pas préparés à gagner une finale. J’aurais aimé vivre ça avec un peu plus d’expérience et avec un maintien en Ligue 1 déjà acquis… »
Les jours où… Les gens parlent de ses qualités footballistiques
(Il se marre). « C’est vrai qu’on en parle peu. Quand c’est le cas, on parle d’un joueur pas trop technique mais avec beaucoup d’envie. Ça m’aura suffi pour faire une belle carrière. Dribbler dans une cabine téléphonique, faire des petits ponts, des râteaux, ce n’est pas pour moi. J’évolue à un poste où il faut être efficace. Dans ce rôle de sentinelle, on est le garant de la sécurité de l’équipe.
Ce poste, tout le monde ne peut pas l’occuper. Il faut aimer courir, se battre pour l’autre, être intelligent dans le jeu, dans le placement. Quand tu récupères le ballon, il faut le donner rapidement aux joueurs qui sont meilleurs que toi. Une fois que tu as compris ça… Ceux qui veulent briller différemment à ce poste-là n’y arriveront pas. Regardez Didier Deschamps, ce n’était pas un génie. Mais il était indispensable. »
Le jour où… Il aurait pu partir
« En 2009, après la descente en Ligue 2. On perd contre Bordeaux le samedi et le lundi, je reçois un coup de téléphone de Sochaux. Les discussions avaient duré pas mal de temps, jusqu’à ce que j’appelle Jean-François Fortin pour lui dire que ma décision était prise. J’avais 30 ans et si je voulais perdurer en Ligue 1, c’était le moment de partir. J’étais prêt.
Financièrement, le club a fait un effort considérable pour me garder. Il ne faut pas le cacher. En Ligue 2, j’avais un contrat que beaucoup de joueurs de Ligue 1 devaient m’envier, avec, en plus, une reconversion à la clé. Nice aussi s’était positionné. J’avais eu Eric Roy, je lui avais dit que je ne voulais pas partir en conflit avec le club. J’étais sous contrat, il fallait un transfert. Jean-François Fortin a dit à son homologue de Nice que ça coûterait 10 millions d’€. Ça s’est arrêté là. Le président m’avait dit que je ne regretterai pas cette décision. Il a eu raison. »
Les jours où… Il s’est blessé
« Mon corps m’a laissé tranquille. J’ai la chance d’avoir des parents qui ont été des bons géniteurs. Car ça, ça ne se décide pas. On est fait comme on est, on a la chance ou pas. Après, il n’y a pas que la chance. L’entretien de tous les jours est capital. La psychologie et la maturité, également. Je pense être assez fort psychologiquement.
Et en général, quand on est bien dans sa tête, on ne se blesse pas. C’est bête ce que je dis, mais c’est souvent vrai. Les joueurs qui se blessent le plus souvent sont ceux qui doutent, ceux qui ont des problèmes dans leur tête, dans leur couple, dans leur famille… Souvent on se demande comment les mecs font 50 matches par saison. Tout simplement parce qu’ils sont bien dans leur tête. »
Les jours où… Il est arrêté dans la rue
« Ce n’est pas systématique, loin de là. Quand on se balade en famille dans le centre, on se fait surtout arrêter parce que quelqu’un reconnaît ma femme. Elle est plus connue que moi. Les supporters sont respectueux. Ça arrive que des gens soient surpris de tomber nez à nez avec moi. Ils veulent une photo ou un autographe mais, parfois, les mots ne viennent pas.
Et puis il y a ceux qui passent en glissant un : « Ligue 2 ». Je l’ai entendu plusieurs fois mais ils passent vite en général, ceux-là. Et puis, quand on est en Ligue 1, ils reviennent dans le stade, paient pour nous voir. Je n’ai jamais reçu de proposition farfelue, du type demande en mariage. »
Le jour où… Il s’est senti fort
« C’est difficile de ressortir un match. J’ai connu la meilleure période de ma carrière de janvier à mai 2015. À 35 balais. Même si on n’a pas gagné tous nos matches, l’équipe était sur un nuage. Personnellement, rarement je n’ai été aussi performant.
Fin 2014, l’équipe était dernière avec 15 points, je ne jouais pas, je savais que ma fin de carrière approchait… Et puis je suis revenu dans le groupe, j’ai rejoué, je suis devenu indispensable à l’équipe. Tout ça, ça transcende. J’avais retrouvé mes jambes de 20 ans. Bon, je ne finissais pas les matches mais pendant une heure, ça allait. »
Le joueur… Qui l’a impressionné
« Il y en a eu plein. Je pense aux joueurs de ma génération : Sébastien Mazure, Greg Proment, Titi Deroin, Greg Leca, Nicolas Florentin, Lilian Compan, Stéphane Samson… En plus d’être des joueurs talentueux, ils étaient des amis. On a vécu une période exceptionnelle ensemble. Ngolo Kanté, je ne vais pas vous le citer. Il est le meilleur joueur d’Angleterre, évidemment qu’il avait du talent.
Je l’ai vu arriver à pied, avec son sac à dos. Il arrivait de Boulogne, on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Premier entraînement, il est monstrueux. Préparation physique, il est monstrueux. Là, je me dis : « Bon, lui n’était pas prévu titulaire mais je crois qu’il va jouer tous les matches ». Plus les matches avançaient, moins il était fatigué. Il est passé de la DH à champion d’Angleterre en l’espace de 5 ou 6 ans. C’est un grand monsieur, qui est loin des strass et des paillettes. Beaucoup de joueurs devraient s’en inspirer. »
Le jour où… La carrière s’achève
« J’en ai marre d’avoir mal partout, j’ai envie d’autre chose. J’ai eu du temps pour penser à l’après-carrière mais on n’est jamais réellement préparé à ça. Ce n’est pas le quotidien qui va me manquer, c’est l’adrénaline que procure la compétition. Ce sont des moments uniques, privilégiés, et peu importe ce que je vais faire, je ne retrouverai pas ça.
C’est dur d’arrêter, dur de se reconvertir, de trouver quelque chose qui nous plaît. Dur de passer de la notoriété au fait de ne plus être reconnu. Mais j’ai la chance d’avoir « duré » jusqu’à près de 38 ans et je pense avoir fait le tour de la question. Quand je vois Mamaz (Sébastien Mazure), qui a dû arrêter avant 30 ans… Je suis triste pour lui parce qu’il méritait d’avoir une tout autre carrière. Moi, j’ai eu la chance de pouvoir jouer longtemps, et c’est normal que ça s’arrête. »
Le jour où… Dans 20 ou 30 ans, les gens parleront de lui
« Vous savez le foot… C’est un milieu à part. On va, on vient, on passe. Avant moi, il y a des joueurs qui ont été exceptionnels et dont on ne parle plus ou très peu. Ceux-là avaient pourtant beaucoup plus de talent que moi.
Vous êtes capables de me donner le 11 de Saint-Etienne de la grande époque ? Si les gens se souviennent de moi dans 20 ans, ce sera déjà bien… »
Ça me fait mal de voir un article de Seube sur ce topic.......va falloir s'y faire.... (merci guigui) Peut-être faire un Topic "regretté retraité malherbiste"
_________________ Alors tocard de service, Mayer en mousse, mais de l argent dessus car la mousse est positionné vers le nord: ainsi on perd pas le nord... C est beau ce que j écris lol[/quote]
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