Inscription: 09 Juil 2007 12:54 Messages: 16378 Localisation: Paris
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Tout revient systématiquement à la figure de STB, si c'est pas de l'amour ça. Un papier un petit peu plus couillu sur le produit financier créé pour se farcir la dette française: - Cliquez ici pour faire apparaître le contenu caché
Les financiers ne sauraient être accusés d’un quelconque cynisme. C'est donc une simple coïncidence si la société allemande Eurex, contrôlant le marché à terme de Francfort, a annoncé le lancement d’un nouveau produit dérivé sur la dette française pour le 16 avril. Une semaine tout juste avant le premier tour de l’élection présidentielle ! Depuis cette annonce, certains boursiers s’alarment, parlent d’attentat financier.
De quoi s’agit-il exactement ? Officiellement, Eurex va proposer à ses clients, “hedge funds”, banques et autres, des produits sur les obligations françaises à dix ans (OAT), pour se couvrir à la hausse comme à la baisse. «Avec l’introduction de ce nouveau contrat, nous répondons à l’intérêt grandissant des intervenants sur le marché, à la recherche de produits de couvertures plus élaborés », a expliqué un des responsables de la société de bourse allemande. « De plus, ajoute-t-il sans rire, le marché de dette publique française va vraisemblablement bénéficier de ces nouvelles opportunités.»
Profiter des opportunités ! Les traders évoquent plutôt une nouvelle arme de destruction massive contre la France, contre l’euro, au moment où l’Espagne paraît appelée à être la nouvelle victime expiatoire de la zone euro, où les écarts de taux ne cessent de se creuser entre l’Allemagne et tous les autres. « Dans le contexte actuel de tensions sur les dettes européennes, lancer un tel produit revient à ouvrir la porte à une attaque spéculative sur la France, surtout dans un moment d’ élections », grince-t-on au sein de la Banque de France.
Spéculer contre la dette française a toujours été possible. Mais jusqu’alors, il fallait de gros moyens financiers. Seuls les banques ou les très grands fonds spéculatifs s’y risquaient. Il fallait soit s’engager sur des ventes à découvert sur les titres obligataires eux-mêmes, c’est-à-dire mobiliser plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros, soit acheter des credit default swap (CDS). Le ticket d’entrée pour ces derniers est d’au moins 10 millions de dollars. Et le pari repose sur la dernière extrémité : la faillite.
Les produits dérivés que s’apprête à lancer Eurex sont d’une tout autre nature. Ils permettent normalement de se couvrir contre les variations monétaires de la dette obligataire. Ils permettent surtout de spéculer à découvert, avec une mise limitée. Les options d’Eurex sont fixées à 100.000 euros pièce. Sachant que leur effet de levier est estimé entre 10 et 20 fois la mise, les dégâts peuvent être rapides. Les hedge funds et autres fonds spéculatifs vont donc pouvoir parier sur la chute de la dette française, sans mobiliser beaucoup de fonds.
D’autant que le risque est très limité. A la différence du marché des CDS, si opaque au point de ne pouvoir indiquer qui sont les détenteurs et les responsables en dernier ressort, les nouveaux produits dérivés seront négociés sur un marché réglementé, c’est-à-dire encadré et sans risque de contrepartie. Chaque soir, la chambre de compensation, en l’occurrence Eurex Stream (ex-Clearstream), fera la balance entre les perdants et les gagnants. Pour le monde financier, c’est l’idéal.
« Les dérivés pour spéculer sur la dette existaient déjà, mais ils étaient négociés de gré à gré. Un marché transparent et réglementé est toujours préférable à un marché de gré à gré », relève Pascal Canfin. Mais ajoute le député écologiste, devenu un spécialiste des questions financières au Parlement européen, « la difficulté est que la réglementation ne permet pas de distinguer entre la protection et la spéculation. Si Eurex s’engage sur ce marché, c’est pour le développer. Ajouter de la liquidité revient à ajouter de la volatilité, de l’instabilité et de l’insécurité. Dans le contexte politique actuel, les aspects négatifs l’emportent largement sur les positifs ».
Certains traders se refusent à voir dans ce nouveau produit la bombe à neutrons que d’autres décrivent. « Ces dérivés existent sur la dette allemande », note l’un d’entre eux. Ils rappellent que de tels produits avaient déjà existé dans le passé pour la dette française. Au milieu des années 1980, le ministre des finances de l’époque, Pierre Bérégovoy, avait lancé des contrats à terme sur la dette française, négociés sur le Matif (marché à terme des instruments financiers). Ces contrats ont disparu en 1999, au moment où Paris et Londres, partisans de la négociation à la criée, ont perdu le marché de la dette européenne face à Francfort, favorable aux ventes électroniques. A l’époque, il s’était trouvé des hauts fonctionnaires au ministère des finances et au Trésor pour regretter cette disparition : les obligations françaises allaient être pénalisées par rapport aux titres allemands, les Bunds, qui servent de référence à l’ensemble de la zone euro, déploraient-ils.
Pourquoi Eurex éprouve-t-il le besoin de relancer de tels instruments treize ans après ? « Parce que les clients le demandent. C’est une société privée qui ne cherche qu’à faire du profit. Ils anticipent des tensions sur la dette française, et sont sans doute prêts à les nourrir. Il y a toujours beaucoup d’argent à se faire dans les périodes troublées », raconte un arbitragiste. Des hedge funds confiaient récemment au Financial Times que les dettes européennes étaient leur meilleure source de profits : elles leur avaient rapporté en 2011 entre 11 et 13 % par an quand les autres investissements peinaient à faire du 4-5 %.
Au printemps 2009, quelques mois après la réélection de Silvio Berlusconi comme premier ministre en Italie, la même société allemande avait lancé le même type de produits sur la dette italienne, avant de les compléter par des dérivés sur le court terme un an plus tard. En septembre 2011, en pleine tourmente dans la zone euro, alors que tous les regards se tournaient sur les obligations italiennes, affichant alors des taux de près de 7 %, Eurex tirait le premier bilan de ses nouveaux produits. Pour s’en féliciter. « Les marchés financiers, touchés par la crise de confiance, ont besoin d’instruments appropriés, leur offrant des possibilités de couvertures plus sophistiquées pour les obligations des pays européens qui ne sont plus triple A. Nos dérivés sont conçus pour apporter aux traders et gestionnaires de fonds des couvertures viables dans un environnement où les écarts de taux ntre les dettes de la zone euro s’élargissent », insistait-il.
Si de tels instruments ne sont pas à l’origine de la spéculation sur les dettes de la zone euro, ils en facilitent la propagation, à moindre frais. Et rien ne peut endiguer leur capacité de nuisance. Personne ne peut les interdire.
Avec la ferveur des nouveaux convertis, les gouvernements européens, épris de libéralisme, se sont complètement abandonnés aux mains des marchés financiers. A l’exception de l’Allemagne qui a bataillé pour rapatrier le marché de sa dette chez elle afin d’en garder le contrôle, tous les autres l’ont laissé entre des mains extérieures. Aujourd’hui, Eurex peut inventer à sa guise des produits sur les dettes française, italienne, espagnole, aucun gouvernement ne peut s’y opposer. Même si cela contrecarre ouvertement les tentatives de stabilisation de la BCE pour la zone euro. « J’ai proposé que l’on délivre des autorisations de mise sur le marché pour les produits financiers, comme on le fait pour les médicaments. Même si ce système n’est pas parfait, il permettrait d’instituer un contrôle. Mais, pour l’instant, cette proposition est restée lettre morte », explique Pascal Canfin. Comme tant d’autres.
Cinq ans après le début de la crise financière, l’absence de dispositifs pour protéger l’Europe des dérives financières se mesure grandeur nature. Les rodomontades des uns et des autres, assurant que « la spéculation, c’est fini, les paradis fiscaux, c’est fini », n’ont débouché sur rien. Il n’y a eu aucune volonté de remettre la finance sous contrôle. Les marchés ont désormais en main une arme supplémentaire contre la France. Combien de temps attendront-ils avant de s’en servir ?
Celui qui a inventé ce produit et les dirigeants de la société qui le commercialise ainsi que leur famille devraient avoir des black ops au cul et être échangé contre des japonais avec le régime nord coréen, au prix ou on paie les commandos ce serait le minimum.
_________________ « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »Влади́мир Ильи́ч Улья́нов This is such a mind fuck.
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