Karibou a écrit:
Un collègue vient de me dire que des nains ont sorti une équipe de L1.
Je lui ai dit que c'était un désastre politique.
Lorsque l'histoire de David et Goliath se joue dans l'illusion du sport ça défoule tellement qu'on sent plus l’énorme gourdin qu'on a d'enfoncé dans le cul dans le concret des rapports de force politiques et économiques .
Le sport est l'ennemi du peuple.
Mon collègue n'a rien compris, il me prend pour un fou.
Allah Akhbar
Il ne faut certes pas donner au sport une place qui n'est pas la sienne, mais je considère qu'il n'y a rien de plus beauf que de considérer ce phénomène comme beauf. Pour en rester au football (mais on pourrait évoquer Tommy Smith en athlétisme et tant d'autres choses), on a déjà eu l'occasion d'évoquer le rôle géopolitique de la FIFA, capable de réaliser des rencontres que l'ONU ne peut se permettre : des oppositions amicales entre Palestiens et Israéliens, Américains et Iraniens, Nord et Sud Coréens, etc.
Par ailleurs, on se condamne à ne pas comprendre certaines sociétés en mettant de côté des spécificités ancrées dans les mentalités. Sous Franco, le seul espace d'Espagne où il était possible d'agiter des drapeaux catalans était le Camp Nou, l'antre du Barça, club rival du Real, considéré à juste titre comme le club du pouvoir. Il en était de même avec les clubs basques.
Même les régimes politiques qui ont cru pouvoir instrumentaliser le sport ont reçu quelque fois un revers de flamme inattendu : c'est le cas de l'Argentine de Videla, dont l'organisation de la coupe du monde en 1978 a mis un coup de projecteur sur la dictature militaire. Le plus grand joueur de l'époque (Cruijff) a boycotté la compétition, tandis que les finalistes hollandais ont refusé de recevoir leur médaille.
Quant à l'aspect "David contre Goliath", il y a des aspects jouissifs dans certaines défaites. Il en est ainsi de celle de l'Allemagne du "Grand Reich" lors de la coupe du monde de football en France en 1938. Après l'Anschluss, l'Allemagne, qui vient d'ingérer l'Autriche (qui possédait une des plus grandes équipes des années 30), fait figure de grand favori avec...l'Italie (les seuls succès de Mussolini sur la scène internationale en vérité). Or, après avoir "fait le ménage" en dégageant les meilleurs joueurs juifs autrichiens, l'Allemagne se fait piteusement éliminée par la très modeste équipe de Suisse. (Une anecdote à ce propos : dans un cinéma de Dives pendant l'Occupation, alors qu'on passait un résumé de ce match, les buts allemands furent sifflés et les buts suisses applaudis, ce qui conduisit à laisser la lumière allumée afin d'éradiquer ce genre de manifestation inopportune).
On peut aussi citer la victoire de l'équipe d'Uruguay en 1950 contre le Brésil au...Maracana de Rio. Le Brésil vit alors un désastre national, qui conduira la Seleçao à abandonner son traditionnel maillot blanc pour l'actuel maillot jaune qui connaîtra une fortune tout autre.