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Dans le coffre de sa Smart, les waders prennent toute la place. Ces longues cuissardes ont remplacé les crampons dans la panoplie de Benoît Costil. L'ex-gardien de Rennes et Bordeaux (38 ans) s'est mis à l'eau. Son terrain de jeu a changé. Le silence du golfe du Morbihan a remplacé les cris de supporters. « Mais j'aime toujours le ballon, plante l'ancien international français (1 sélection, contre la Côte d'Ivoire, en novembre 2016, 0-0). J'ai pris une licence avec les vétérans de Carnac. Je joue sur les côtés comme piston. Je n'ai plus du tout l'esprit de compétition. Je suis là pour le lien social et vivre une bonne troisième mi-temps ! »

Toujours affûté avec ses deux heures de sport quotidien, le Caennais de naissance et de formation n'arrête pas depuis sa fin de carrière à la Salernitana, en juin 2024. Chaque semaine, il donne son avis sur RMC dans l'émission Rothen s'enflamme comme consultant « bienveillant ». Il répond régulièrement à des anciens partenaires pour des matches caritatifs ou des stages de jeunes gardiens.

« J'ai eu le coup de foudre pour le coin et mes six saisons rennaises n'ont fait que renforcer cet attachement »

Benoît Costil

« Je suis devenu plus breton que les Bretons, avoue celui qui a définitivement emménagé au centre de Carnac. C'est pour ça que je ne pouvais pas laisser tomber le Vannes Olympique Club (VOC). Quand je suis revenu d'Italie, le club était à l'agonie. On l'a repris en main avec Christophe Revel (ancien entraîneur des gardiens de Rennes) et Jean-François Créach'cadec (ex-directeur des affaires sportives de Rennes). Aujourd'hui, il est sous assistance respiratoire mais il vit en N3. Je fais un peu tout, de dirigeant à commercial ou entraîneur des gardiens. »
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Le Caennais y avait débarqué en prêt à 21 ans. « J'ai eu le coup de foudre pour le coin et mes six saisons rennaises n'ont fait que renforcer cet attachement, insiste le champion d'Europe U17 avec les Benzema, Nasri, Ben Arfa et Ménez, en 2004. Gamin, je venais en vacances en caravane entre Quiberon et Crozon avec mes parents. Je savais que je construirais quelque chose ici. » Les virées se sont multipliées, de plus en plus festives à l'approche de la retraite footballistique.

« On refaisait le monde, on parlait avenir et de l'envie de monter une affaire ensemble »

Philippe Le Pelvé, ami vannetais devenu associé

Au détour d'un dimanche en bateau « avec des potes et la glacière bien remplie », l'ex-pro (plus de 600 matches) tombe sur un chantier ostréicole à l'abandon. « On refaisait le monde, on parlait avenir et de l'envie de monter une affaire ensemble, rembobine Philippe Le Pelvé, ami vannetais devenu associé. Au départ, on recherchait plutôt un resto à l'esprit guinguette. Mais c'est devenu introuvable avec la loi littorale. Cette huîtrière était inexploitée depuis plus de vingt ans. On l'a restaurée pour se lancer dans l'aventure d'un produit noble avec la volonté de le mettre en avant sur son lieu de production. »

L'ancien footballeur a avancé une bonne partie du financement. Les deux copains sont allés chercher un jeune ostréiculteur pour relancer l'exploitation. Simon Picard (30 ans) débarque de la réputée Maison Jégat avec l'expérience et la formation requise. « Ahoy », du nom d'un salut marin, renaît entre la rivière d'Auray et l'île Berder avec deux zones d'élevage à proximité de Baden. « On fait deux typologies d'huîtres aux goûts bien différents, avec des courants qui mêlent l'eau douce, et celui de la Jument, beaucoup plus puissant dans le golfe, détaille l'ostréiculteur en chef. Ce sont des creuses d'environ trois ans. On a autour de quatre hectares de parcs qui nous permettent de produire environ vingt tonnes pour l'instant. Mais on a le potentiel pour faire au moins trois fois plus. »
L'ancien gardien envisage sérieusement de perfectionner sa formation

Presque tous les jours avec les fêtes de fin d'année qui approchent, l'ancien gardien change de gants pour venir entasser les poches ou remplir les bourriches. Il envisage sérieusement de perfectionner sa formation ostréicole pour prendre la barre du chaland sur les estrans (partie du littoral recouverte périodiquement par la marée). Les calibres 3 et 4 « iodées et charnues » n'ont déjà plus de secret pour lui.

Ahoy a aussi ouvert une terrasse de dégustation l'été dernier avec quelques places à l'intérieur d'un atelier rénové de 120 m2. Les eaux du Golfe donnent l'impression de pénétrer ce bar à huîtres. Les douzaines se dégustent sur place autour de 15 € avec un verre de muscadet. D'autres fruits de mer sont également à la carte d'une petite restauration « à la bonne franquette ».
Yoann Gourcuff, Laurent Koscielny ou Benjamin André commencent à défiler

Les potes comme Yoann Gourcuff, Laurent Koscielny, Benjamin André ou encore Christophe Jallet commencent à défiler ou sont attendus prochainement. « On fait ce qu'on sait faire dans la convivialité, se réjouit le jeune chef d'entreprise, le bonnet de marin vissé sur la tête dès le matin. Je ne m'invente pas une vie, je vis la mienne comme j'ai envie. Je n'ai jamais été dans le bling-bling du foot. J'aime avoir ce relationnel avec la mer, faire les efforts, le commercial, servir au bar et même faire la plonge quand il y a des coups de feu. Il faut simplement que j'apprenne à ouvrir plus rapidement les huîtres ! »

Le milieu du foot commence à être conquis. Le 22 novembre dernier, lors de Rennes-Monaco (4-1), les salons du Roahzon Park ont ouvert leurs portes à Ahoy. « Nous avons déjà de beaux retours d'expérience, résume le nouvel écailler. Le bouche-à-oreille fait son oeuvre. C'est notre meilleure pub. On a même eu des clients du Texas. Comme on dit dans le ballon, on monte en puissance ! »