Bon je sais pas pourquoi mais j'ai accès à l'article...
Le capitaine des Girondins revient pour L'Équipe sur sa rétrogradation dans la hiérarchie des gardiens au mois de décembre et les interrogations qu'elle a engendrées chez lui. Sa courbe de performances illustre plutôt bien son « mieux-être » : après une première partie de saison en deçà des attentes, Benoît Costil est revenu à un niveau bien plus conforme à son statut depuis son retour dans le but bordelais début janvier. Son pourcentage de tirs arrêtés par match a grimpé en flèche (76,9 % contre 60,6 %), tout comme son nombre de clean sheets (4 en 8 matches de L 1 contre 4 en 17 rencontres). « Vous étiez venu à Bordeaux “pour l'Europe et pour Gourvennec”. À partir du moment où il ne restait ni l'un ni l'autre, vous êtes-vous posé des questions sur votre avenir? Clairement. Tout ce qui s'est passé en janvier et même avant, ce n'était pas du tout dans les plans : on n'est pas au mieux en Championnat, je ne joue pas les trois derniers matches (de 2017, deux en L 1 et un en Coupe de la Ligue) et le coach n'est plus là (Jocelyn Gourvennec a été limogé le 18 janvier). Je suis obligé de me poser la question au sens où ça ne se passe pas comme j'espérais. Sortir de l'équipe, ça ne m'était jamais arrivé. C'est une réaction normale. Au début, je me suis dit “merde, ça ne va pas pouvoir durer comme ça...” Ç'a duré trois, quatre jours et puis les vacances à Caen, en famille, m'ont fait du bien. Je me suis posé les bonnes questions. Lesquelles? Je me suis demandé comment faire pour arranger les choses. J'ai signé quatre ans, ce n'est pas pour fuir au moment où ça devient difficile. Je ne suis pas un lâche.
Partir comme l'a fait Jérémy Toulalan, c'était inenvisageable? Les deux situations sont complétement différentes. On n'a pas le même âge, pas la même durée de contrat ni la même situation familiale. Pour avoir passé beaucoup de temps avec lui, je connais les raisons de son départ et je ne peux que les respecter. Je peux comprendre qu'il puisse passer pour un lâche aux yeux de certaines personnes. Moi, je sais que ce n'en est pas un. C'est un homme fantastique. Qui, au-delà de son soutien à Gourvennec, ne se retrouvait pas forcément dans la nouvelle génération... Dans le vestiaire, il pouvait faire le con avec des jeunes de dix-huit ans comme avec les plus anciens. Il y a beaucoup de similitudes entre nous. Moi, je déteste les vieux cons qui oublient qu'ils ont été jeunes et qu'ils ont fait des conneries aussi. Pour moi, il n'y a absolument aucun problème générationnel, il faut juste vivre avec son temps. Entre les réseaux sociaux, tout ce qu'on peut faire avec un téléphone aujourd'hui et les médias, c'est différent du foot d'avant, c'est sûr. Comment avez-vous vécu le fait de vous retrouver sur le banc pendant trois matches? Très mal, forcément. Au final, ça n'a pas été très long mais ça aurait pu l'être. S'il y a des résultats pendant mon absence, peut-être que je ne redébute pas en janvier. C'est aussi ça les questions que je me pose en décembre. Ce sont des moments super difficiles parce que ce n'était pas du tout dans les plans, que je ne pensais pas que ça en arriverait là.
Les raisons de ce déclassement, les avez-vous comprises? Ce sont des choix de coach, il n'y a pas d'autre choix que de les accepter. Après, on les comprend plus ou moins. Ils ne m'avaient jamais parlé de ça avant, mais les dirigeants attendaient plus de moi. Si la meilleure solution était de m'enlever, tant mieux pour l'équipe. De votre propre aveu, votre adaptation a été plus longue que prévu. Comment l'expliquer? Il y a plein de choses. Déjà, quitter Rennes où j'étais heureux, chez moi, c'était difficile. Dans ma tête, je m'étais dit : “Ça va, je suis un garçon facile, je vais m'adapter partout”. Et puis vous vous rendez compte que, même à trente ans, même en restant dans le même Championnat, il faut du temps. Je suis également arrivé dans un contexte qui n'était pas très positif, avec beaucoup d'interrogations. Ça n'a pas aidé, comme le fait de rester quatre mois et demi à l'hôtel. Ce n'est pas simple pour se sentir épanoui au quotidien. Qu'entendez-vous lorsque vous dites que le contexte n'était pas très positif? Déjà, que ce soit à Sedan, Vannes ou Rennes, j'ai toujours respecté mes prédécesseurs. Il y a des gens qui méritent d'être respectés et je trouve ça bien que le club leur soit reconnaissant. Mais dans mon cas, je n'ai pas eu le sentiment que c'était sain. Quand j'arrive, dans le regard des gens, au stade, c'est bizarre. Je sens que ce n'est pas clair, qu'il y a un hic. Je pense que tout le monde n'était pas très content que Benoît Costil ou un autre soit le gardien de Bordeaux (après le départ de Cédric Carrasso, en fin de contrat).
Le fait de récupérer le brassard vous a-t-il aidé? Ça part d'une décision d'Éric Bédouet avant Nantes (le préparateur physique avait été nommé entraîneur intérimaire pour ce match, remporté 1-0). Je dis souvent que le brassard, c'est un bout de tissu, que ça ne changera rien à mon investissement mais, à ce moment-là de la saison, c'est de ce genre de geste dont j'avais besoin. Ça m'a touché et fait énormément de bien. Vous avez souvent insisté sur le devoir d'exemplarité que vous conférait le rôle de capitaine. Cela inclut-il aussi le devoir de performance? Oui, même si le travail, je l'avais fait pendant la trêve quand il n'y avait pas le brassard. Je m'étais préparé mentalement et physiquement pour rejouer, pas pour m'asseoir sur le banc pendant cinq mois. Après, c'est sûr que si j'avais été une pipe sur le terrain, les mecs auraient dit : “Notre capitaine, il est bidon.” Il faut être performant pour être crédible. Vous avez déjà réalisé le même nombre de clean sheets que lors de la première partie de saison, alors que vous subissez le même nombre de tirs cadrés par match. (Il coupe.) Parce que je suis un bon gardien. C'est un retour à la normale. C'est ce qui se passait avant qui ne l'était pas. Ce n'est pas prétentieux de le dire, je connais aussi mes limites. Je ne suis pas le Zizou des gardiens, sinon ça se saurait. (Rires.) »
_________________ Vice-Champion du concours "Le Grand Voyant" 2015/2016 Vice-Champion du challenge Guronsan®, Musclor®, Synthol® 2015
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