Dutruel : « Ma carrière ? C'est grâce à Malherbe »Aujourd’hui reconverti en politique en Haute-Savoie, Richard Dutruel, gardien historique du SM Caen du milieu des années 1990, tient Malherbe dans son cœur. Nommé meilleur gardien du championnat espagnol en 1998 et recruté par le Barça en 2000, il estime que rien ne serait arrivé sans son aventure en Normandie.Richard Dutruel, portier historique du SM Caen pendant deux saisons (1993-1995), prêté à l’époque par le PSG, s’illustre désormais en politique, en tant qu’adjoints aux sports, à Publier (Haute-Savoie), sa région natale. L’international français, au CV impressionnant, tient toujours le Stade Malherbe dans son cœur, et lui est reconnaissant.
Avec votre poste d’adjoint aux sports de la ville de Publier (Haute-Savoie), vous semblez très éloigné du milieu du foot professionnel, comment allez-vous ?Je vais plutôt bien (rires) ! Je suis éloigné du foot sur le plan opérationnel, mais je le suis toujours d’assez près. Aujourd’hui je n’y suis plus directement lié, mais ce n’est pas dit dans le futur que j’ai des responsabilités.
Aujourd’hui, vous êtes donc dans la politique, comment cela s’est-il déroulé ?C’est mon deuxième mandat, je suis en place depuis 2008. Je ne dirais pas que je suis dans la politique, je ne suis pas arrivé là par ambition politique, mais par des relations personnelles avec le maire en place. Mon action est dans l’intérêt général, et non politique. Je gère les équipements de la ville, je suis dans le management.
Y a-t-il un retard de réputation quand on entre dans ce milieu-là en tant qu’ancien joueur de football professionnel ?Oui, il y a forcément un regard méfiant posé sur soi, parce que le monde du football n’a pas toujours une image reluisante. Mais à force de travail et de sérieux on se rend compte des personnes que l’on a face à soi.
Pendant votre carrière, vous vous imaginiez un instant devenir politique après votre retraite ?Jamais je n’aurais pu imaginer ça un instant (rires) ! Je n’ai jamais eu aucune ambition politique, c’est le hasard des rencontres et des relations qui a fait que je suis là.
Comment cela s’est-il goupillé ?J’avais une relation avec le maire avant d’arrêter ma carrière de footballeur, puis quand je suis revenu m’installer ici, c’était une période d’élection, il montait une liste et avait besoin de quelques bonnes volontés. Et ça s’est fait de fil en aiguille. L’adjoint aux sports ne voulait pas repartir pour un nouveau mandat, on m’a proposé ce poste et je l’ai accepté.
Vous avez pourtant passé des diplômes d’entraîneur…C’est davantage une conviction personnelle. Parce que je pense qu’être entraîneur n’est pas un métier mais une vocation. Et moi, je ne me suis jamais vu entraîner et je n’en ai toujours pas l’envie. Si j’ai passé ces diplômes, c’était pour me préparer à la gestion d’un staff technique. Et si je reviens dans le milieu du foot, ce sera plus dans la direction.
Meilleur gardien du championnat d’Espagne en 1998 Le football semble loin derrière vous désormais. Quand vous regardez dans le rétro, votre carrière : PSG, Barcelone, Équipe de France…. Vous vous dîtes quoi ?(Il hésite) J’ai plus tendance à regarder devant que derrière… Je regarde ça avec satisfaction même si je peux penser que j’aurais pu faire mieux. J’ai toujours joué en donnant le meilleur de moi-même, même si ça n’a pas toujours été avec du succès. J’ai réalisé ma carrière avec tout mon cœur. Mais je ne retire aucune gloire. Nous, les footballeurs, on n’est ni plus ni moins que des personnes lambda, on a juste une vie très médiatisée à un moment donné. Mais, c’est court, et il faut savoir se réinventer.
C’est à Caen (1993-1995), prêté par le PSG, que vous avez réalisé vos deux premières saisons complètes. Que représente le Stade Malherbe à vos yeux ?C’étaient deux années très formatrices et fondatrices. Pas forcément faciles, puisqu’on se battait pour sauver notre place en Ligue 1, mais j’en garde un très bon souvenir, du club et de ses composantes. j’ai toujours quelques relations, une ou deux fois par an avec le président Jean-François Fortin… Sur le plan humain, mais aussi la vie dans la ville, ça m’a beaucoup plu. Et puis je me rappelle qu’il pleuvait beaucoup surtout (rires) ! Le climat n’était pas simple, mais on y revient parfois en famille.
C’est un club qui vous a marqué ?J’ai toujours une tendresse particulière pour le Stade Malherbe, c’est le premier qui m’a fait confiance sur du long terme. Le premier qui a misé sur moi. C’est ce club qui a permis de lancer ma carrière, sans ça, je n’aurais pas eu la même vie.
Quels souvenirs conservez-vous du club ?Le premier mot qui me vient à l’esprit : c’est un club familial. Ce qui ne va pas à l’encontre du professionnalisme, mais c’était chaleureux, un club dans lequel on se sent bien accueilli et on se sent le bienvenu.
Auriez-vous pu rester au club ?Oui, j’aurais pu rester et ça ne m’aurait pas dérangé, mais j’appartenais à Paris qui voulait me récupérer. Je suis reconnaissant de la confiance qui a été placée en moi. Si j’ai pu avoir cette carrière, c’est grâce au Stade Malherbe.
Avez-vous toujours quelques contacts avec d’anciens coéquipiers caennais ?Oui, parfois, au gré de matches caritatifs, j’ai des relations avec Amara Simba, Emmanuel Rival…
Les années suivantes, vous êtes dans l’ombre de Bernard Lama à votre retour au PSG puis filez en Espagne, au Celta Vigo. On vous nomme meilleur gardien du championnat espagnol en 1998. C’est à l’étranger que vous vous êtes fait ?Oui, on peut dire ça. Après avoir joué deux saisons entières avec Caen, je ne voulais plus me contenter de jouer les doublures. Il n’y a pas eu beaucoup de mouvements au moment où je voulais du temps de jeu. Partir en Espagne n’était pas forcément une volonté de ma part, mais j’avais le choix entre Vigo et Valladolid.
Puis vous êtes recruté par le Barça en 2000… Une consécration ?Oui et non. On ne peut pas se contenter d’arriver à Barcelone et se reposer sur ses lauriers. J’ai toujours été ambitieux et voulu découvrir de bons, voire de très bons clubs. Donc Barcelone, c’était l’atteinte d’un objectif. Mais ce n’était pas un aboutissement, juste un nouveau départ.
Vous passez en quelques années de Caen, ce club « familial », à l’institution barcelonaise… Un autre monde.Oui, c’était un choc (rires) ! Au Barça, quand on arrive, il ne faut pas longtemps pour sentir le poids de l’institution sur ses épaules. C’est un club où les exigences sont très élevées, et on ne connaît pas ce niveau d’exigences dans d’autres clubs.
Vous devez avoir des souvenirs de Clasicos…D’autant plus que j’ai participé au match qui voyait Luis Figo (Real Madrid) au Camp Nou (2000) pour la première fois depuis son transfert ! C’était… particulier !
Après avoir joué à Alavés (2002-2003) et Strasbourg (2003-2005), vous prenez votre retraite et revenez dans le paysage du foot dans la direction d’Évian-Thonon-Gaillard en 2010, votre terre natale. Peu avant que le club ne mette la clef sous la porte…Oui, je suis resté un an en tant que directeur général délégué, lors de la montée du club de Ligue 2 à Ligue 1. Puis j’ai eu des divergences avec les actionnaires, je souhaitais reprendre ma liberté, Il y a une certaine amertume aujourd’hui à voir ce qui s’est passé pour ce club… Il y avait un beau projet, qui n’était pas partagé par tout le monde, mais qui avait du potentiel. Tout ça a été gâché.
Dans deux semaines, c’est la demi-finale historique de Coupe de France face au PSG (18 avril), ça n’a pas dû vous échapper…Évidemment ! Je serai devant ma télé. Cela doit être une fête et ça va en être une face à l’armada parisienne. On peut penser que l’incertitude du résultat est moins présente que si ça avait été un autre adversaire, mais rien n’est écrit d’avance. On sait a priori que ce sera plus difficile que contre Les Herbiers (National) ou Chambly (National). Mais c’est un club qui le mérite, et le fait d’aller loin dans une compétition comme une Coupe de France correspond assez bien à l’esprit de ce club. C’est une compétition qui a un esprit familial. Qui va bien à l’image que véhicule le Stade Malherbe.
Merci Momo, Richard était en tout cas un voisin très attentionné (le meilleur parmi ceux qui ont vécu à Bretteville-sur-Odon dans une maison louée par le SMC après Domergue et Cauet).
Un vrai bon gars.