Ghost of Benoit Caen a écrit:
Ligue 1. SM Caen - Montpellier, dimanche (17 h). Le dernier rempart du Stade Malherbe connaît la valeur d’un maintien, les ingrédients à assembler pour le décrocher, aussi. Concentré sur cet objectif, il est resté mystérieux sur son avenir.
Entretien
Rémy, cette trêve est-elle arrivée à point nommé ?
C’est trop tôt pour le dire. On verra ça dimanche. Souvent, les gens croient que ces trêves sont faites pour souffler, récupérer. Je ne les vois pas comme ça. Elles sont utiles pour travailler certains points, se remettre à niveau physiquement. J’ai beaucoup travaillé durant 15 jours, j’aime ça, j’avais besoin de ça.
Vos coéquipiers également ?
Le staff a œuvré dans ce sens-là en tentant de remettre tout le monde d’aplomb au moment d’attaquer cette dernière ligne droite. On a passé deux semaines à se concentrer davantage sur les individualités que sur le collectif.
Avec du recul, comment analysez-vous ces non-matches à Lyon (1-0) et à Angers (3-0)
Le terme de non-match est trop fort. Qui, aujourd’hui, peut prétendre pouvoir gagner à Lyon ? J’étais au match entre Lyon et Paris (2-1 le 21 janvier)… Je ne suis pas sûr qu’on ait à rougir d’une défaite 1-0 là-bas.
Et à Angers, contre un concurrent direct ?
Je n’ai même pas de regrets sur le match d’Angers. Ils ont été meilleurs. Ils ont surtout compris une chose, c’est l’importance de l’union sacrée dans un club. Entre le public, le staff et les joueurs. J’ai senti un club qui avait envie de se révolter, d’arracher son maintien. Angers n’a pas fait un grand match, mais ils ont été efficaces, déterminés. Il va falloir s’en inspirer.
Avec 35 points après 28 journées (30 désormais), ce serait dommage de trembler jusqu’au bout…
On préfère tous asseoir un maintien rapidement. Nous les premiers. Mais il y a 19 autres clubs qui prétendent à des choses dans cette Ligue 1. Il faut se battre, c’est tout. Retrouver notre solidité défensive, exister dans nos matches.
Beaucoup d’observateurs estiment que le maintien s’obtiendra à 40 points ou moins. Qu’en pensez-vous ?
Je n’en sais rien. Les gens peuvent dire tout ce qu’ils veulent, j’ai déjà vu des clubs descendre avec 43 points. On a l’avantage d’affronter des adversaires directs, on va vite pouvoir se jauger. On a notre destin en mains, la capacité de vite plier l’affaire. Je n’oublie pas qu’on a aussi le mental pour aller chercher le maintien plus tard s’il le faut. Quand on est au Stade Malherbe, qu’on a le 15e ou 16e budget de Ligue 1, on a en tête qu’il y aura des difficultés, que notre maintien peut s’obtenir sur la fin de saison.
Au regard du calendrier, mieux vaudrait se mettre à l’abri tôt, avant la 36e journée…
Il faudra les jouer les trois derniers matches. Tout ne sera peut-être pas bouclé quand on se rendra à Monaco, le soir de la 36e journée. Je rappelle qu’on s’est sauvés à la 93e minute de la 38e journée la saison passée. On a ça en tête. Bien sûr que je préférerais être sauvé avant, mais il reste huit journées, pas cinq. Et huit matches, c’est un petit quart de championnat, ce n’est pas négligeable.
On a souvent mis en avant votre bonne première partie de saison.
(Il coupe). Je m’en fous de tout ce qui se dit sur moi. Je réfléchis en équipe, ce qui m’intéresse c’est le club. Et si d’aventure tout le monde pouvait penser comme ça, ça nous permettrait d’être encore meilleurs.
C’est-à-dire ?
C’est la société qui est comme ça, ce n’est pas dû proprement au football. Les intérêts individuels passent souvent avant ceux du collectif, et moi je n’aime pas ça. Ce n’est pas ce qui me guide.
Pensez-vous tout de même à votre avenir, à cette possible prolongation de contrat. Avez-vous entamé des discussions ?
Non, même pas. Et ça ne me perturbe pas. On est beaucoup dans mon cas à être en fin de contrat, à ne pas savoir ce qui va se passer à la rentrée. Mais sauvons-nous, qualifions-nous en Coupe de France et il restera tout le temps et le loisir à nos dirigeants de pouvoir discuter.
Vous devez avoir des envies, des projets…
J’ai plein de choses en tête, mais ça ne prend pas le pas sur mon travail quotidien. L’intérêt du club passe avant mes envies. Ce n’est pas une période propice à parler de ses envies. Alors on met un mouchoir dessus et on discutera tranquillement quand ce sera le moment.
Caen sera-t-il votre dernier club ?
Je l’ai déjà dit et je le redis, Caen sera mon dernier club.
Montpellier, que vous accueillez ce dimanche, a été le premier à vous donner votre chance en pro…
Pour moi, c’est toujours un moment particulier d’affronter Montpellier. À l’aller, c’était le premier match officiel après la disparition du président Nicollin. J’avais eu beaucoup de mal à rentrer dans mon match, à me concentrer parce que cet homme représente beaucoup pour moi et ma famille. Il a été le point de départ de ma carrière professionnelle. Mes parents lui doivent beaucoup. Je suis très attaché à ce club, à cette région et à la famille Nicollin. Je leur dois beaucoup.
Cette saison, vous avez eu le bonheur d’affronter Montpellier, Lyon et Strasbourg, vos trois anciens clubs. Le clin d’œil est amusant ?
Je ne me suis pas fait cette réflexion, mais je prends plaisir à jouer contre mes anciens clubs. Partout où je suis passé, j’ai laissé de bons souvenirs. Tous les objectifs qui m’ont été fixés ont été remplis. On fait du foot aussi pour connaître des moments de vie, rencontrer des gens. Quand on revient dans des stades et que les gens vous accueillent à bras ouverts, c’est juste réconfortant. C’est la preuve qu’on a laissé une belle trace.
On vous voit souvent à Mondeville ou au Caen BC, le basket, c’est une autre passion ?
Je suis né à Grande-Synthe, à côté de Gravelines. Le basket, j’ai ça dans le sang depuis tout petit. J’aurais d’ailleurs pu embrasser une carrière de basketteur. Au lieu d’intégrer le centre de formation de Dunkerque, j’aurais pu rejoindre celui de Gravelines, en basket. Il a fallu faire un choix et j’ai choisi le football. Mais je me régale toujours autant à regarder du basket. Quand j’étais à Lyon, j’allais très souvent voir l’ASVEL. Ici, je vais voir le CBC ou Mondeville, c’est important de voir autre chose.
Vous êtes également venu au tournoi des partenaires du Caen TTC. Pourquoi ?
C’était l’occasion rêvée de mettre une bonne raclée aux journalistes (rires). Je voulais surtout voir ce que ça pouvait donner d’affronter des joueurs de haut niveau. J’ai vite posé la raquette. C’est important qu’il y ait une connexion entre les sportifs d’une même ville. On défend les mêmes couleurs, certaines valeurs profondes propres à la région dans laquelle on vit. Il faut partager tout ça.
C’est finalement assez rare de voir les footballeurs se mélanger. Vous le regrettez ?
On a une profession sympathique, il ne faut pas s’y complaire. Il faut rester en prise avec le monde en général. Quand des animations sont proposées, j’essaye, dans la mesure du possible, d’y répondre. C’est important de se mélanger, de partager, de voir d’autres points de vue. Le foot est le sport le plus populaire, mais il faut savoir donner pour pouvoir recevoir. J’aime aller au-devant des autres sportifs.